À Plouézec (Côtes d’Armor), l’une des vitrines de la pharmacie a volé en éclats sous la pression des rafales. L’officine, bien que privée d’électricité, restera ouverte pour assurer les urgences. À Brest, où des records absolus de vent ont été battus, la chute d’un arbre a épargné de peu la Pharmacie du Serpent dans le quartier de Saint-Louis (voir photo). À Wambrechies (Nord), la pharmacienne est parvenue à transférer in extremis son stock de vaccins avant que le frigo subisse une panne de courant. Dans au moins 25 départements, le réseau officinal a été mis à dure épreuve par le passage de la tempête Cioran dans la nuit du 1er au 2 décembre.
Le tour de garde chamboulé
Plus de trente-six heures après, près d'un demi-million d’abonnés étaient toujours privés d’électricité. Parmi eux des pharmaciens qui, par conséquent, ne pouvaient pas reprendre leur activité. Systèmes informatiques, robotisation ou encore frigo sont les premières installations exposées aux coupures de courant, alors même qu’elles sont au cœur de l’activité officinale. Par ricochet, ces fermetures forcées d’officine ont bouleversé l’organisation des gardes, comme l’explique Sébastien Ledunois, président du syndicat des pharmaciens de la Manche (FSPF). « Une ligne de haute tension est coupée et au moins sept pharmacies sont privées de courant. Parmi elles, deux devaient assurer des gardes. La Pharmacie Centrale de Coutances va devoir prendre le relais », constate le titulaire de Saint-Lô, qui s’est adressé à la préfecture afin qu’elle prévienne la population. Il ajoute que les pharmaciens inquiets pour leurs stocks de médicaments thermosensibles peuvent se reporter au document collaboratif mis en ligne par l’Omedit de Normandie.
En effet, la campagne de vaccination a démarré il y a tout juste quinze jours et l'arrêt forcé des frigos pleins à craquer constitue la préoccupation majeure des officines concernées par les coupures d’électricité. « Nous n’avons pas encore de vision globale sur la situation dans le département, mais il ressort déjà que des titulaires ont des pannes de courant, ce qui ne manque pas d’affecter leur frigo. Ils s'inquiètent des produits qu’ils peuvent ou non garder », témoigne au matin de la tempête, Thierry Mens, conseiller départemental pour le Finistère du conseil régional de l'Ordre (CROP) Bretagne.
30 jours pour déclarer les dégâts
Pendant ces quelques jours, toute la chaîne du médicament a tenu bon pour assurer la continuité des soins. De Saint-Lô à Quimper, en Normandie comme en Bretagne, où la circulation a parfois été interdite localement pendant plusieurs heures, les deux grossistes-répartiteurs régionaux, la CERP Bretagne Atlantique et la CERP Rouen, sont parvenus à assurer dès jeudi l’approvisionnement des officines, quitte à réduire le nombre de leurs tournées. Une solution qui n'a visiblement pas pénalisé les officines, nombreuses à constater une baisse de leur fréquentation, les habitants ayant reçu la consigne des autorités locales de limiter leurs déplacements.
L’accalmie qui s’est dessinée à l’approche du week-end a laissé place au constat des dégâts. Face à l’ampleur des sinistres, France Assureurs, la fédération des assurances, a annoncé que la période de déclaration des dommages subis est étendue jusqu’au 1er décembre 2023, soit 30 jours après le passage de la tempête. Ce délai est habituellement de cinq jours, dix jours si l'état de catastrophe naturelle est reconnu par arrêté. Cependant, en ce qui concerne ces récentes intempéries, aucune reconnaissance de catastrophe naturelle ne sera nécessaire, le risque tempête étant couvert par les polices d’assurance.
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