Toujours fermement opposée à la dispensation à l’unité (DAU), l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) n’y est pas davantage favorable dans le cadre des fortes tensions sur les stocks d’amoxicilline.
« L’USPO le dit depuis des années et je le répète : la dispensation à l’unité est une mauvaise réponse à une bonne question », lance d’emblée le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Pierre-Olivier Variot. Une réaction épidermique à l’appel des autorités, il y a tout juste une semaine, pour que les pharmaciens « priorisent la DAU » face aux tensions d’approvisionnement en amoxicilline.
Prévue par la loi antigaspillage économie circulaire (AGEC) malgré l’opposition des deux syndicats de la profession, la DAU n’a pas de caractère obligatoire et peut être pratiquée sur l’ensemble des « antibactériens à usage systémique » dès lors que leur présentation le permet (sachets-doses ou blisters). La convention pharmaceutique signée en mars dernier met en place une rémunération sur objectif de santé publique (ROSP) de 1 euro par acte, dans la limite de 500 euros annuels.
Mais pour l’USPO, que ce soit pour éviter le gaspillage, particulièrement en période de rupture ou de tensions sur les stocks, ou lutter contre l’antibiorésistance, « la DAU n’est pas la solution ». Pierre-Olivier Variot explique : « Les dernières recommandations indiquent que le traitement standard doit durer 5 jours. Dont acte : les industriels ont l’obligation d’adapter les conditionnements de leurs médicaments, ce n’est pas aux pharmaciens d’y pallier en sortant les ciseaux. » Il rappelle par ailleurs les arguments qui ont poussé la profession à s’opposer à la DAU : inutile, chronophage, entraînant une perte de sécurité et de traçabilité, complexifiant l’organisation du travail…
De plus, « les syndicats n’étant pas favorables à la DAU, les éditeurs de logiciels n’ont pas fait les développements nécessaires permettant la facturation de cet acte dans les logiciels métier ». En outre, les tensions et ruptures constatées sur les spécialités à base d’amoxicilline, si elles concernent toutes les formes galéniques, ciblent en particulier les solutions buvables souvent prescrites aux enfants. Or la DAU n’est pas applicable à ces galéniques. « Il n’est pas possible de délivrer un demi-flacon de sirop d’amoxicilline ! », lâche Pierre-Olivier Variot.
En revanche, l’USPO est tout à fait favorable à l’accélération de l’utilisation des TROD, notamment dans l’angine mais pas seulement. « J’entends dire que les gens veulent absolument obtenir des antibiotiques. Ce n’est pas ce que je constate. Quand je fais un TROD qui identifie une angine virale et que j’explique pourquoi les antibiotiques n’ont pas d’utilité, les patients comprennent très bien », ajoute-t-il. En revanche, il demande au gouvernement de faciliter l’accès des pharmaciens aux TROD angine, avec des prix plus intéressants, une meilleure rémunération et une formation obligatoire moins lourde. Il appelle également au développement de TROD combinés permettant de détecter grippe et Covid chez l’adulte et grippe, Covid et VRS chez l’enfant.
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