La suspension du vaccin AstraZeneca par crainte d’un risque de thrombose a suscité l’incompréhension d’une association de patients. Celle-ci n’a pas hésité à pointer certaines pilules contraceptives pour lesquelles le risque thrombotique est avéré. L’infectiologue Odile Launay appelle à « ne pas tout mélanger ».
Pour l’Association française des victimes d’embolie pulmonaire et AVC liés à la contraception hormonale (AVEP), il y a « deux poids, deux mesures ». D’un côté la suspension d’un vaccin Covid en pleine épidémie après une trentaine de cas de thrombose pour des millions de doses administrées et dont le lien de causalité n’est pas avéré, de l’autre, « la contraception hormonale, utilisée par des millions de femmes en Europe, et dont les risques sont prouvés ». Preuve en est, l’AVEP comptabilise 120 thromboses pour 100 000 femmes par an, dont 20 décès, et rappelle que le risque est multiplié par 2 avec les pilules de 2e génération et « jusqu’à 6 avec celles de 3e et 4e générations ».
Interrogée par l’AFP, l’infectiologue et membre du comité Vaccins Covid, Odile Launey répond qu’il ne faut « pas tout mélanger » et insiste sur la notion essentielle de la balance bénéfice-risque. Dans le cas des pilules, le risque de thrombose est bien connu et doit être pris en compte au moment de la prescription. Mais le risque n’est pas encore avéré pour le vaccin AstraZeneca et doit être évalué pour conclure sur cette balance bénéfice-risque. L’Agence européenne du médicament (EMA), dont l’avis est attendu cet après-midi, a déjà indiqué qu’elle restait « fermement convaincue » des bénéfices du vaccin et pourrait donc recommander de continuer à l’utiliser. C’est le choix des autorités sanitaires concernant les pilules contraceptives de 3e et 4e générations, qui prennent en compte l’existence du risque de thrombose mais soulignent que les bénéfices l’emportent sur les risques.
Confronté aux mêmes interrogations, l’Institut médical Paul-Ehrlich, qui conseille le gouvernement allemand, a publié un document pédagogique sur le vaccin AstraZeneca dans lequel il aborde le sujet des pilules contraceptives. Il appelle lui aussi à faire la part des choses et insiste sur le rapport bénéfice-risque positif des pilules, soulignant que « les thromboses, même mortelles, sont connues pour être un effet secondaire très rare des pilules contraceptives » et qu’elles sont bien « mentionnées dans la notice ». Il rappelle que « chaque femme doit être informée de ce risque par le médecin qui lui prescrit la pilule ». Selon l’AVEP, c’est là que le bât blesse. « En 2021, 12 ans après sa création, l’association déplore toujours le manque d’information dans la délivrance de la contraception hormonale, notamment auprès des moins de 15 ans. »
Avec l'AFP.
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