Le débat sur les retraites refait surface dans la campagne électorale. En écho au président de la République qui a évoqué, le 9 mars, un allongement progressif de l'âge de départ à la retraite à 65 ans, un minimum retraite à 1 100 euros pour les carrières complètes et la suppression des principaux régimes spéciaux (RATP et EDF), trois caisses de retraite de professionnels de santé, dont la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP), ont présenté « leur » programme retraite.
Ce document est destiné aux candidats et présente les atouts de ces régimes gérés en toute autonomie par les libéraux eux-mêmes au sein de la CARCDSF (Caisse d’assurance retraites des chirurgiens-dentistes et des sages-femmes), la CARMF (Caisse autonome de retraite des médecins de France) et la CAVP. Ignorées lors du premier débat sur les retraites en 2019, ces professions tenaient à se faire entendre sur les spécificités de leurs régimes et à convaincre de leur robustesse face à des pyramides des âges inversées et des numerus clausus très restrictifs.
Équitable et solidaire
Ces caractéristiques pourraient, selon ces caisses, avoir valeur d’exemple, voire être dupliquées. Ainsi, en suivant les orientations et les options retenues, il serait possible « de garantir à tous les Français une retraite de base équitable et solidaire ». Les trois caisses en veulent pour preuve leur régime de base géré par chacune d’elles pour le compte de la Caisse nationale d’assurance vieillesse des professionnels libéraux (CNAVPL). Il repose sur un système à points, en vigueur dans les trois caisses depuis 2004, et selon lequel un euro cotisé donne les mêmes droits à tous. « En clair, ce régime de base est constitué d’une première tranche limitée à un plafond de Sécurité sociale (1 PMSS), qui donne droit à 525 points. La seconde tranche est quant à elle dégressive puisque limitée à 5 PMSS, elle n’accorde que 25 points », expose Eric Quièvre, président de la CARCDSF. « Il permettrait à 100 % des Français les plus fragiles et à 95 % de la population générale d’être couverts », affirme-t-il.
Les trois caisses se targuent par ailleurs de gérer en toute autonomie un système de retraite complémentaire à l’équilibre, grâce à un système par capitalisation pour la CAVP, par répartition provisionnée pour les deux autres caisses. Cette configuration a permis à des professions, soumises aux soubresauts de la pyramide des âges mais aussi des numerus clausus drastiques, de constituer des réserves leur permettant une certaine plasticité et une capacité de réaction en cas de coups durs. Et ce sans jamais peser sur les deniers publics, insistent les présidents des trois caisses. La CAVP a ainsi pu accorder des exonérations de cotisation à des titulaires lors du premier confinement de la crise sanitaire, rappelle Philippe Berthelot. De même, insiste le Dr Thierry Lardenois, président de la CARMF, la technique de répartion provisionnée, basée sur un principe de surcotisation, permet d’envisager d’autres usages, comme la prévoyance de la dépendance. En effet, rappelle Philippe Berthelot en référence à une décision du Conseil constitutionnel, ces réserves constituées sont inaliénables, elles restent l’entière propriété des pharmaciens et des médecins.
Nos modèles ont de l’avenir, martèlent les caisses qui veulent faire entendre leur voix sur un autre de leurs principes : dans les régimes complémentaires des libéraux, les cotisations, seules, sont prises en compte. Il n’existe pas de critère de durée d’assurance. « Ainsi, expose le Dr Thierry Lardenois, président de la CARMF, un médecin peut demander sa retraite à partir de 62 ans. Libre à lui de majorer son montant de 5 % par an en continuant à travailler jusqu’à 65 ans, et de 3 % par an s’il poursuit son activité jusqu’à 70 ans. » « Il s’agit d’une proposition terriblement sociale, poursuit-il, car en tant que médecin, je peux constater chaque jour que les individus commencent à présenter à partir de 62 ans des défaillances psychologiques et physiques. Il faut perdre l’illusion qu’on pourra sans cesse reculer l’âge de départ à la retraite. Même si, bien sûr, chacun reste libre de continuer à travailler s’il le souhaite. »
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Portrait
Jérémie Kneubuhl : le pharmacien aux 50 millions de clics
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais