Vecteur de protection de l'environnement, la collecte est aussi source de valorisation énergétique. L'incinération de ces médicaments non utilisés (MNU) au sein des 52 UVE (1) permet en effet de chauffer et d'éclairer chaque année l'équivalent d'une ville comme Honfleur.
Rien d'étonnant donc, dans le contexte actuel, que ce geste écocitoyen remporte l'adhésion d'une importante partie de la population. Selon un sondage BVA effectué au printemps (2), 81 % des personnes rapportant leurs médicaments non utilisés ou périmés à leur pharmacien motivent ce geste par leur volonté de préserver l'environnement. Avec 9 833 tonnes collectées dans les officines en 2021, soit 2,5 boîtes en moyenne par habitant (146 grammes), le retour des MNU se maintient par conséquent à un niveau stable. Ceci en dépit d'une baisse continue de la consommation de médicament, de l'ordre de 1 % par an depuis 17 ans. On doit en premier lieu la participation de 87 % des Français à la collecte des MNU aux pharmaciens d'officine. Ceux-ci n'ont de cesse d'informer leurs patients, consacrant en moyenne 1,30 minute, selon une enquête Imago (3), pour expliquer l'importance du retour de ces médicaments non utilisés ou périmés. D’ailleurs, 9 pharmaciens sur 10 sont convaincus que leurs actions de sensibilisation sont efficaces.
Premier vecteur d'information
Car les officinaux ont saisi toute la dimension écoresponsable de leur rôle. Plaçant désormais la protection de l'environnement et la réduction des risques de pollution des eaux souterraines au premier rang de leurs préoccupations, devant les risques sanitaires (intoxication au sein du foyer par ingestion accidentelle), ils sont 38 % à sensibiliser davantage leurs patients qu'en 2020. Les plus assidus sont les jeunes titulaires de petites structures. Signe de cette force de conviction, l'officinal se substitue désormais au petit écran dans l'information du public. « Pour la troisième année consécutive, le premier mode de connaissance du dispositif est le pharmacien (45 % des personnes interrogées) grâce au dialogue entre l’équipe officinale et la patientèle, avant la télévision (30 %) », se félicite Cyclamed.
Cet éco-organisme, chargé depuis près de 30 ans de la collecte des médicaments non utilisés (MNU), est d'ailleurs considéré comme indispensable par 71 % des pharmaciens. Ce taux monte même à 78 % parmi les pharmaciens dont la clientèle est mixte ou défavorisée et à 83 % chez les plus de 60 ans. Signe supplémentaire que le pharmacien joue son rôle dans l'éducation de la population, la collecte se discipline d'année en année. Ils sont désormais 64 % à pratiquer un tri affiné en séparant au préalable les emballages vides, les étuis en carton et les notices en papier avant de rapporter leurs MNU en pharmacie. Ils n'étaient que 10 % à le faire en 2016. Cet usage, qui progresse de 10 points chaque année, est particulièrement le fait des moins de 35 ans (76 %) et des habitants des régions rurales (69 %).
Un levier managérial
La participation au dispositif Cyclamed est devenue l'affaire de toute l'officine. 62 % des titulaires estiment même que la collecte des MNU les aide à sensibiliser leurs salariés aux enjeux environnementaux. Un levier managérial certes, mais aussi un élément fédérateur au sein de l'officine. L'équipe officinale va en effet devoir puiser dans ses ressources pour convaincre les quelque 13 % d’irréductibles de collecter des MNU. De fait, pour louable que soit désormais le comportement des patients, quelques marges de progression subsistent. Ainsi parmi les MNU supposés rapportés en pharmacie, 22,30 % ne sont en réalité que des produits de parapharmacie ou des dispositifs médicaux. La nature même des MNU demande par conséquent à être mieux diffusée auprès du public (voir ci-dessous).
Quant à la PDA, désormais proposée par une pharmacie sur cinq, elle génère des emballages encore difficilement identifiables. Or à peine plus de la moitié des pharmacies ayant répondu au sondage Imago, soit 58 %, les dépose dans le tri sélectif. 38 % des officines (63 % dans la moitié sud) continuent de les stocker dans les cartons Cyclamed alors que l'éco-organisme n’est pas agréé pour récupérer les emballages vides de médicaments dans ses réceptacles de collecte. Là également une information plus ciblée des officinaux s'impose.
Par ailleurs, certaines disparités régionales persistent, En témoignent les scores remportés dans les Hauts-de-France et dans le Grand Est avec respectivement 3 et 2,8 MNU collectés par habitant, contre 2,1 en Corse et 1,8 en Île-de-France. Preuve, s'il en faut, que les patients - et leurs pharmaciens - peuvent encore mieux faire.
D'après une conférence Cyclamed.
(1) Unité de valorisation énergétique.
(2) Du 11 au 23 mars 2022 sur un échantillon de 2 360 personnes.
(3) Réalisée auprès de 250 pharmaciens entre le 19 avril et le 6 mai 2022.
Vols à l’étalage
Peut-on afficher des photos floutées de ses voleurs ?
Démographie officinale
Près de 500 pharmaciens de plus de 62 ans exercent dans un désert médical
Congrès des pharmaciens allemands
Outre-Rhin, les « pharmacies light » assombrissent l’avenir de la profession
Tribune
Guillaume Kreutter : pourquoi je raccroche