Face à l’épuisement des confrères et au besoin urgent de réformer le système des gardes et astreintes auquel sont soumis les pharmaciens, des syndicats départementaux s’emparent du problème. C’est le cas du syndicat des pharmaciens du Maine-et-Loire, dont le gros travail effectué ces derniers mois a abouti à une refonte totale des gardes.
Selon le président du syndicat des pharmaciens du Maine-et-Loire, Denis Macé, le problème est une réalité depuis plusieurs années déjà, en raison de la désertification pharmaceutique. Moins de pharmacies par secteur, cela engendre davantage de gardes pour celles qui résistent. Alors que le nombre d’officines en métropole vient de passer sous la barre symbolique des 20 000, le syndicat départemental se félicite d’avoir réussi à faire aboutir une refonte du système de gardes qui entrera en vigueur au 2 janvier 2024.
« Nous nous sommes rapprochés du syndicat de la Mayenne, qui l’a fait un an avant nous, pour bénéficier de son expérience en la matière. Notre premier travail a été de faire un état des lieux du système dans notre département pour savoir depuis quand il est en place, comment il est organisé et pourquoi sous cette forme », explique Denis Macé. Fonctionnant en secteurs fermés depuis 1999, il n’avait pas connu de modifications malgré l’apparition du service 3237 ou de nouveaux établissements comme les maisons de garde ou les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP).
Pour répondre au mieux aux attentes des confrères, le syndicat a mené un sondage auprès des pharmaciens du département. « Une idée reprise au niveau national », remarque Denis Macé. 200 réponses plus tard (sur 246 officines), le syndicat a compris qu’il fallait réorganiser le système pour que les confères ne fassent pas plus de 20 gardes par an, et surtout pas 40 comme c’était le cas dans le Haut-Anjou, dans le nord du département. Après une étude fine de l’ensemble des « points de santé » existants et de leurs voies d’accès, la prise en compte des dispositifs tels que le 3237 ou Résogardes, une concertation avec les confrères pour les zones problématiques, des échanges avec les syndicats des départements limitrophes et des discussions avec l’agence régionale de santé (ARS), la réorganisation est fin prête.
« Pour le secteur d’Angers qui compte 62 pharmacies, on aura une pharmacie de garde le dimanche et deux la nuit ; Cholet couvrant un grand secteur rural aura deux pharmacies de garde le dimanche et une la nuit ; Saumur, comme tous les autres secteurs, aura une pharmacie de garde le dimanche et une la nuit. » Au total, le département sera désormais découpé en 6 secteurs de garde (et non plus 13), se répartissant « 52 dimanches, plus ou moins 11 jours fériés et 365 nuits ». Ce fonctionnement « par pool de pharmacies » permet de garantir un nombre de gardes annuelles par officine de 16 maximum et 9 minimum.
« Les confrères nous ont dit que 20 gardes par an était le maximum supportable, nous répondons à leurs attentes. D’autant plus que certains en sont arrivés à refuser de faire des gardes, ce qui est illégal », indique Denis Macé, qui aimerait que d’autres points de friction sur le sujet des gardes soient enfin réglés. Il pense notamment à une définition précise des urgences auxquelles doit répondre le pharmacien de garde, comme l’a proposé la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) par le biais d’un amendement à la proposition de loi Valletoux. Ou encore, à la création d’un pharmacien régulateur des gardes.
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