LA RÉFORME concernant la rémunération des pharmaciens en Belgique ne s’est pas faite en un jour, loin s’en faut. C’est ce que rappelle Christian Elsen, président de l’Association pharmaceutique belge (APB), en énumérant les différentes étapes. « En 2003, les blouses blanches sont descendues dans la rue, des pharmacies ont fermé. On est parvenu à un accord en 2004, qui est mis en œuvre depuis avril 2010. Cela veut dire qu’il y a eu 7 ans de négociations sur des modèles économiques et politiques. »
L’ancien mode rémunération est comparable à celui des pharmaciens français, dans le sens où il était entièrement lié au prix du médicament et ne tenait aucun compte de l’aspect intellectuel du métier. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Désormais composée d’un honoraire de base de 3,88 euros pour chaque médicament délivré, d’une marge économique de 6,04 % du prix fabricant, augmentée de 2 % au-delà de 60 euros, et d’honoraires spécifiques, la nouvelle rémunération du pharmacien en Belgique n’a plus rien à voir avec l’ancienne. « La contrainte était de trouver un mode de rémunération qui ne coûtait pas plus cher à l’assurance-maladie et au patient. Il a fallu faire des choix, notamment les domaines d’application. C’est pourquoi les honoraires sont limités au domaine des médicaments remboursables en officine », explique Christian Elsen.
Depuis avril dernier, la rémunération des pharmaciens en Belgique a donc radicalement changé, sans poser, semble-t-il, de problèmes d’adaptation. « Le projet a été bien accepté par les pharmaciens et les premières évaluations montrent que le nouveau système fonctionne mieux que le précédent. »
Qualité de la dispensation.
Cependant, prévient Christian Elsen, ce système n’est pas forcément aisément transposable dans un autre pays. La Belgique enregistre effectivement des différences notables avec la France, puisque le capital des officines est ouvert depuis de nombreuses années. « Étonnamment, les chaînes n’ont pas la main mise sur toutes les officines. Au contraire, 85 % d’entre elles appartiennent à des pharmaciens libéraux. » En outre, la Belgique encadre différemment le prix des médicaments puisque celui-ci est libre, mais il existe un prix maximum à ne pas dépasser.
« Toujours est-il que, pour le pharmacien Belge, c’est une plus-value fondée sur la qualité de la dispensation, la logistique ; il faut aller vers le conseil, le service, l’accompagnement. Ce qui importe en premier lieu n’est plus le traitement, mais le patient », note Christian Elsen. En France, le pharmacien rêve aussi d’une rémunération tenant compte de l’acte intellectuel de son métier. Ce n’est pourtant pas encore à l’ordre du jour, les syndicats de pharmaciens misant d’abord sur une augmentation de la première tranche de leur marge dégressive lissée ou sur une augmentation du forfait à la boîte. Il faudra, plus tard, pouvoir compter sur la possibilité d’une rémunération pour les nouvelles missions qui se mettent aujourd’hui en place dans le cadre de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST).
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