Depuis le 28 janvier, les ristournes accordées par les génériqueurs aux pharmaciens québécois - jusqu'alors plafonnées à 15 % du prix de vente du médicament - ne sont plus limitées, et ce pour une durée de trois ans.
Le déplafonnement des allocations professionnelles, l'autre nom de ces ristournes, a été accordé par le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette, en juin dernier, contraint de lâcher du lest face à la colère des pharmaciens. Il s'agit en effet d'une revendication de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) pour compenser les coupes de 400 millions de dollars sur trois ans imposées par le gouvernement. Une décision qui ne plaît pas aux industriels, à qui il revient de compenser ce que l'État retire aux pharmaciens, et qui y voient un retour en arrière puisque le plafonnement à 15 % avait été mis en place en 2012. La loi canadienne interdit aux génériqueurs de se concerter pour établir le montant des ristournes. Ceux-ci craignent de perdre leurs clients pharmaciens au profit de concurrents s'ils ne proposent pas des ristournes suffisamment élevées, et de voir des groupes internationaux aux « poches plus profondes » mettre à mal des génériqueurs locaux. Notant que parmi les nouvelles missions confiées au pharmacien, ce dernier peut désormais renouveler une ordonnance et prescrire « pour des conditions mineures », les industriels estiment que le risque est grand que les pharmaciens choisissent « les molécules qui leur rapportent le plus de ristournes ».
Un non-sens selon l'AQPP, qui rappelle que les pharmaciens sont « encadrés par le code de déontologie de la profession », que le renouvellement d'une ordonnance ne permet pas de la modifier et qu'il n'y a pas de génériques pour traiter les conditions mineures. Par ailleurs, les pharmaciens doivent déclarer les ristournes et les réinvestir dans leur pharmacie. Selon certains témoignages, la moyenne des remises obtenues depuis le 28 janvier tourne autour de 30 à 40 % du prix de vente, mais certaines offres atteignent les 70 %. Le déplafonnement est vécu comme une bouée de sauvetage face aux coupes budgétaires ; les pharmaciens préféreraient se passer de remises et obtenir des honoraires plus élevés. Les allocations professionnelles comptent actuellement pour environ 30 % de leur rémunération.
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