LA MDL n’a pas été proposée par la profession. Elle a été imposée par les ministres de la Santé et des Finances de l’époque, qui pensaient que le pharmacien gagnait trop d’argent. D’un seul coup, on a eu des conséquences dramatiques sur l’économie : dégringolade de la marge et baisse de la qualité de l’acte.
Une autre voie existait : c’était le paiement à l’acte, préconisé par Franck Sérusclat, rapporteur d’une mission d’étude sur la profession. Les syndicats n’en n’ont pas voulu et ils doivent le regretter aujourd’hui. En effet, toutes les professions libérales sont payées à l’acte. L’honoraire redonne l’honneur à la profession, qui est trop souvent confondue avec l’épicerie des petites boîtes dans des gondoles d’exposition (libre accès).
D’autre part, l’acte est régulièrement révisé et il suffit de changer une ligne dans l’ordinateur, tandis que la MDL implique un changement profond de rémunération - industrie, répartition et pharmacie d’officine - et une refonte informatique très complexe.
Tout système engendre nécessairement des modifications dues au type de clientèle : clientèle de passage (médicaments peu chers, mais avec une marge importante), clientèle de malades chroniques (médicaments chers, avec marge faible), anticancéreux, antirétroviraux pour les pharmacies situées près d’un centre hospitalier (gros chiffre d’affaire, peu de marge, personnel expérimenté et compétent mieux payé).
Ma marge s’est dégradée régulièrement et si l’apport des génériques a apporté un ballon d’oxygène à ceux qui ont joué le jeu dès le début, il va aller en s’essoufflant car le différentiel princeps/générique s’accroît (voir le prix de la fluoxétine ou de l’amoxicilline), et quand la moitié des spécialités sera génériquée et la position des laboratoires leaders confortée, pourquoi continueraient-ils à distribuer des remises ?
L’arrivée des poids lourds de l’industrie dans le générique n’augure rien de bon. Pharmacie libérale opposée à pharmacie commerciale, ce n’est pas la solution. Car bien acheter et bien vendre permet d’exercer les conseils et la dispensation aux clients en toute sérénité. Il suffit que les pouvoirs publics en soient persuadés et le pharmacien pourra travailler au service de la collectivité.
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