« JE VOUDRAIS tempérer l’euphorie actuelle à propos du plan de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2012 », annonce d’emblée Michel Caillaud, s’exprimant lors d’un point presse pour la première fois depuis son arrivée à la tête de l’UNPF en septembre dernier. « Derrière un PLFSS qui semble sourire à l’officine, d’autres mesures vont indirectement l’influencer : les grossistes vont probablement répercuter leur baisse de marge sur les pharmacies et les déremboursements de médicaments vont nous faire perdre 70 millions d’euros au minimum, rien que pour la première vague », détaille-t-il. De plus « ce PLFSS nous fait entrer dans un autre mode d’exercice, qui pose de nombreuses questions : avec la tarification à l’honoraire, quels montants seront remboursés par le régime obligatoire et complémentaire ? Y aura-t-il un reste à charge pour les assurés ? » s’interroge-t-il. Il s’inquiète également du mode de contrôle d’une « rémunération à la performance ». « Qui va juger de la performance du pharmacien au comptoir ? Et tout le monde pourra-t-il être performant ? », lance-t-il.
Il pointe également les délais de mise en place de cette nouvelle rémunération. « Le délai indiqué est de six mois, mais en réalité cela prendra sûrement beaucoup plus de temps », estime-t-il. De plus, « une mesure conventionnelle peut être suspendue en cas de risque sérieux de dépassement de l’ONDAM. Or l’ONDAM ne concerne pas uniquement les dépenses de la pharmacie », alerte Michel Caillaud. L’officine pourrait donc pâtir d’une augmentation des dépenses d’autres professionnels de santé, ce qui mettrait un coup d’arrêt à la nouvelle convention.
Des nouvelles missions chronophages.
Concernant les nouvelles missions, Michel Caillaud se demande si la préparation de doses à administrer (PDA) pourra être effectuée par toutes les officines, ou seulement certaines d’entre elles et s’interroge sur les règles qui devront être respectées. « Si toutes les officines peuvent faire de la PDA, il faudra poser la question de la sous-traitance, y compris celle venant de l’étranger », pointe-t-il. Le président de l’UNPF ajoute que « pour ces tâches nouvelles il faudra une qualification, une mise à jour des connaissances, ce qui est très chronophage. Tous les confrères pourront-ils le faire ? » Il souligne qu’un pharmacien qui travaille seul, sans adjoint, ne pourra pas être à la fois au comptoir et en rendez-vous pour accompagner un patient chronique. « Sans compter que le pharmacien devra probablement suivre un protocole précis, avec des fiches à remplir pour l’assurance-maladie s’il veut être rémunéré, ce qui se traduira par une augmentation des tâches administratives. » Il note également que « le problème de TVA sur les actes n’est pas encore réglé ». En outre, il s’inquiète de la valeur patrimoniale des fonds si l’honoraire est mis en place. Citant l’exemple des « médecins ou chirurgiens-dentistes, rémunérés à l’honoraire, qui ne parviennent pas à revendre leur cabinet », il craint que les pharmaciens ne soient confrontés au même problème. « J’ai très peur que nos confrères continuent à rembourser une structure qui ne vaudra plus rien dans une dizaine d’années », souligne-t-il.
Au chapitre de l’économie, Michel Caillaud souligne les difficultés actuelles des pharmacies, renforcées par « une diminution du pouvoir d’achat des clients, ainsi qu’une baisse de la fréquentation des officines due à un "effet Mediator" ». Il remarque notamment que « les patients redécouvrent ce qu’est un médicament, avec sa toxicité, ce qui induit une méfiance vis-à-vis du générique et des vaccins ». Et il regrette que l’« on oublie de redonner au médicament ses lettres de noblesse ». Pour relancer l’économie de l’officine, le président de l’UNPF souhaite une solution immédiate, « sans attendre d’autres éléments de rémunération très chronophages et qui ne vont pas arriver tout de suite ». Il réclame donc un relèvement de la première tranche de marge, ce qui permettrait de « redonner tout de suite de l’air aux officines », grâce à une enveloppe de 300 millions d’euros. « Je ne suis pas opposé à la nouvelle rémunération », tient-il à préciser. « Cependant, je souhaiterais savoir si elle intervient à périmètre constant ou non », conclut-il.
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