Le Quotidien du pharmacien. - Votre dernière étude économique, qui porte sur les résultats de 2015 des officines clientes de Fiducial*, fait-elle apparaître une dégradation ou une amélioration de la marge ?
Philippe Becker. - Il faut d’abord préciser que nos chiffres intègrent, pour la première fois, la rémunération sous forme d’honoraires pour les médicaments remboursables. Ils intègrent aussi la modification du régime des remises sur les produits génériques. Compte tenu de ces modifications importantes, nous avons considéré qu’il fallait abandonner les comparaisons portant sur la marge commerciale pour les faire porter dorénavant sur la marge brute.
Cet indicateur, qui représente la rémunération brute globale du pharmacien quelle qu'en soit l’origine, cumule la marge commerciale, les honoraires de toute nature, les prestations et la coopération commerciale. Donc, si l’on examine cet indicateur important, on note qu’il est en très légère augmentation sur les deux dernières années, de 31,63 % du chiffre d’affaires hors taxe en 2015 contre 31,34 % en 2014.
Sur ce plan, les nouveaux modes de rémunération n’ont donc pas dégradé la situation des officines ?
Christian Nouvel. - Il faut toujours interpréter les chiffres avec un peu de recul. Si les valeurs relatives de la marge brute évoluent en effet de façon positive, les valeurs absolues, elles, sont en légère baisse, puisqu’on est passé à 473 000 euros en 2015 contre 474 000 euros pour l’année 2014.
Chacun comprend ainsi que l’impact des baisses du chiffre d’affaires sur les médicaments remboursables n’est pas totalement compensé, même si nous sommes assez près de l’objectif. Il faut être conscient aussi que les baisses de prix qui affectent les produits remboursables, combinées avec la stagnation des prescriptions, créent, mécaniquement, un vrai manque à gagner. Le nouveau modèle économique des officines devra donc trouver sa vitesse de croisière pour créer une amélioration durable de la marge brute.
Cela veut-il dire qu’une marge brute qui stagne, c’est aussi une rentabilité brute qui stagne ?
Philippe Becker. - En fait, il ne s’agit pas là d’une stagnation, mais d’une dégradation. C’est ce que nous soulignons dans notre étude. Les frais de personnel et les frais généraux, même en période de faible inflation, dérapent toujours un peu, et donc le bas du compte de résultat s’affaiblit. En moyenne, ce n’est peut-être pas spectaculaire - de l’ordre de 10 000 euros - par an, mais c’est quand même autant de trésorerie en moins.
De ce point de vue, et comme les années précédentes, notre étude fait ressortir les mêmes disparités entre les petites et les grosses officines. Parmi ces dernières, nous retrouvons les pharmacies situées près d’un centre commercial, qui tirent mieux leur épingle du jeu. En résumé, il n’y a pas de grandes mauvaises surprises, les facteurs discriminants sont toujours les mêmes, et les perdants et les gagnants aussi.
Mais il y a aussi les officines qui ne sont plus dans votre étude parce qu’elles ont fermé. Que peut-on dire à ce sujet ?
Christian Nouvel. - Vous avez raison de le souligner, et il faut aussi le dire avec force : nos statistiques, comme toutes celles qui sont publiées par nos confrères, ne prennent évidemment pas en compte les officines qui disparaissent. C’est important de le souligner car si nous pouvions intégrer les pharmacies ayant fait l’objet d’un « avis de décès », nos chiffres illustreraient certainement mieux la réalité vécue par les officinaux. Mais c’est la limite de toute étude qui porte sur une population vivante…
Contrairement aux autres années, vous n’avez pas mesuré l’impact des nouvelles missions dévolues aux pharmaciens. Pourquoi ce désintérêt ?
Philippe Becker. - Notre objectif principal, cette année, était de rétablir une comparabilité avec les années précédentes et de pouvoir asseoir notre diagnostic sur des données fiables et objectives. Concernant les nouvelles missions, il faut bien dire que leur part dans la marge brute est faible, de l’ordre du millier d’euros, et donc peu significative avec un chiffre d’affaires moyen d'environ 1,5 million d’euros.
Mais nous espérons bien évidemment que les nouvelles missions, dans les prochaines années, pourront devenir une vraie source de revenus supplémentaires pour les pharmaciens.
Voir notre édition du 1er septembre.
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