LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Combien de dossiers avez-vous analysé pour réaliser votre étude ?
PHILIPPE BECKER.- Cette étude a un caractère provisoire et doit donc être appréciée comme telle. Elle a porté sur environ 300 bilans de nos clients, clos entre le 1er janvier et le 30 septembre 2013. Nous nous sommes focalisés sur l’évolution du chiffre d’affaires, de la marge et de la coopération commerciale.
Quels sont les premiers enseignements que l’on peut tirer de votre étude ?
En 2013, l’activité s’est dégradée d’une manière encore plus forte qu’en 2012, puisque la baisse du chiffre d’affaires atteint - 1,52 % en moyenne. Ce mauvais chiffre ne surprendra personne car, au quotidien, les officinaux constatent en général eux-mêmes cette même tendance. En pratique, on est revenu au même niveau d’activité qu’il y a trois ans !
Cette diminution du chiffre d’affaires concerne-t-elle toutes les officines ?
Les deux tiers des pharmacies connaissent une baisse moyenne qui est tout à fait significative, puisqu’elle avoisine - 4 %. À l’inverse, l’autre tiers connaît une progression de l’activité de + 3,46 %. La situation est donc très contrastée. Il faudra attendre l’analyse par typologie que nous réaliserons en juillet pour déterminer qui sont les perdants et les gagnants.
Comment expliquez-vous cette tendance négative de l’activité ?
Grâce aux questionnements que nous avons réalisés auprès de certains de nos clients, il apparaît clairement que la fréquentation reste stable mais que le « panier moyen ordonnance » chute. On peut donc aisément en déduire que cette chute des « ventes comptoir » est la conséquence de la baisse du prix de nombreux médicaments et/ou d’une diminution des molécules prescrites.
D’ailleurs, la marge commerciale, qui a évolué d’une manière tout à fait positive, valide cette analyse sur l’effet mécanique du « générique ».
La coopération commerciale a-t-elle encore joué son rôle d’amortisseur en 2013 ?
Oui, en effet, car son montant a encore progressé en 2013 selon notre étude. Pour se convaincre de la dépendance des pharmaciens au modèle économique « générique », il faudrait soustraire en moyenne 44 000 euros au bénéfice de chaque pharmacie et compter celles qui survivraient à une telle ponction.
Pensez-vous que l’on a atteint un point bas de l’activité ?
On ne pourra le savoir qu’a posteriori… Disons que la situation restera sous contrôle tant que la coopération commerciale équilibrera les comptes des officines. Si les avantages liés au médicament générique devaient disparaître, il faudrait trouver une ressource de substitution !
Au vu de ce bilan provisoire pour 2013, pensez-vous qu’il y a urgence à trouver un nouveau mode de rémunération pour les pharmaciens ?
Il y a effectivement une certaine urgence à trouver un modèle de rémunération qui donne enfin de la visibilité au monde officinal, et cela pour plusieurs années ! Nous avons la conviction que toutes les incertitudes qui pèsent en permanence sur l’économie de l’officine sont contre-productives, et même pénalisantes pour l’avenir.
Comment motiver par exemple des jeunes étudiants à venir dans cette filière lorsqu’ils entendent en permanence des messages anxiogènes ? Comment bâtir un plan de financement d’acquisition lorsque l’on ne sait même pas si la coopération commerciale existera encore dans deux ans ?
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Cas de comptoir
Douleur et fièvre au comptoir
Gestion comptable
Fidéliser sa clientèle ? Oui, mais pas à n’importe quel prix