Le Quotidien du Pharmacien. Quelle est votre analyse face à la mise en œuvre du DMP qui, désormais, s’accélère ?
Isabelle Adenot : En matière de médicaments, le DMP intégrera les données de l’historique du médicament remboursé. Cette option suscite de ma part beaucoup d’incompréhension car ce dispositif induit un délai de latence entre la délivrance du médicament et l’historique établi par le remboursement, temps de télétransmission par le pharmacien, temps de consolidations des différents régimes, etc. Or l’information devrait être immédiate et non soumise à un tel délai. Persuadés d’avoir la donnée sans délais, les professionnels de santé n’apprécieront pas de découvrir ce « trou » propice à accidents.
Le choix de n’y faire figurer que le médicament remboursé serait-il trop réducteur ?
Certainement. Nous savons aujourd’hui que sur 37 millions de dossiers pharmaceutiques (DP), plus de 12 millions contiennent au moins un médicament non remboursé. De même commence à figurer aujourd’hui dans les DP des médicaments délivrés dans les PUI des établissements de santé (hôpital, EHPAD…). Le DP est donc en avance, c’est indéniable.
Dans ces conditions, le DMP qui devrait intégrer le DP constitue-t-il un recul ?
Le DMP sera une bonne chose si les Français et les professionnels de santé l’adoptent et si on se donne les moyens de le déployer. En revanche, il est prévu que le patient ayant ouvert un DMP donne au préalable nominativement l’autorisation au pharmacien d’y accéder. Si tel est bien le cas, il est d’ores et déjà évident que cela ne sera pas une solution pour le pharmacien, les patients pouvant se rendre dans une officine inhabituelle. Et en trois heures, les pharmacies ont aujourd’hui plus de connexions qu’en un an d’historique de remboursements.
Doit-on craindre que le DP soit, à terme, absorbé par le DMP ?
Non. Le DP a d’autres fonctionnalités professionnelles. En revanche, il était prévu dans la loi, depuis l’origine de ces deux dossiers, que le DP alimente le DMP, mais ce n’est pas ce qui a été retenu et je ne comprends pas ce choix. Pour ma part, j’ai toujours été convaincue que le DMP devait exister à partir de la consolidation de plusieurs dossiers professionnels, à commencer par les professions les plus informatisées, comme les pharmaciens, les biologistes et les radiologistes. Ceci afin de donner du contenu et de l’appétence au DMP. Aujourd’hui, même si cette option n’est pas retenue, il est temps que le DMP soit une réussite. Il a déjà coûté assez d’argent aux Français !
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