Les syndicats sont sur la brèche. Plusieurs dossiers n’ont pas attendu la fin de l’été pour déclencher l’intervention de la FSPF et de l’USPO auprès des autorités de tutelle et de l’assurance-maladie.
6 et 7 euros
C’est le tarif sur lequel assurance-maladie et syndicats sont tombés d’accord le 10 septembre pour rétribuer le pharmacien pour chaque test rapide d’orientation diagnostique (TROD) angine à l’officine. Différentes modalités encadrent ce nouvel acte pharmaceutique, pris en charge à 70 % par l’assurance-maladie, et pour lequel aucune formation obligatoire du pharmacien ne sera requise, calendrier oblige. En effet le TROD angine sera opérationnel dès le 1er janvier 2020, et ce selon trois axes.
Premier cas de figure, le pharmacien est directement sollicité par le patient à l’officine et il prend l’initiative de « prescrire » un TROD angine. Il percevra 6 euros HT (matériel compris) pour la réalisation de ce test. Deuxième variante, le TROD angine, effectué par le pharmacien à la demande du médecin, s’avère positif (angine d’origine bactérienne) : 6 euros HT seront alors également versés au pharmacien. Enfin, troisième scénario : le test prescrit par le médecin se révèle négatif. Cette situation a été envisagée par l’assurance-maladie et les syndicats qui ont décidé de gratifier le pharmacien de 7 euros pour son travail pédagogique auprès du patient et par là même, pour sa contribution au bon usage des antibiotiques. « C’est la première fois depuis la mise en place de la contraception d’urgence que le pharmacien est libre de juger lui-même de l’opportunité d’une orientation du patient vers une consultation médicale », se félicite Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « De plus, ce dispositif a le mérite de rémunérer le travail de coordination avec le médecin, un signal qui ne peut être que positif », renchérit Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
À la satisfaction des représentants de la profession, Nicolas Revel, directeur général de l’assurance-maladie, a annoncé que le prix des tests ne pourra excéder 1 euro. Ce tarif imposé aux fabricants sera d’ailleurs mentionné dans le projet de loi de financement de l’assurance-maladie (PLFSS 2020). À titre indicatif, le prix des tests fournis lors des expérimentations s’élevait à 2 euros, voire 3 euros.
« Une fourchette basse a été visée mais cela n’exclut pas que soient garantis la qualité et le côté pratique de ces tests qui devraient être réévalués par l’ANSM », précise Gilles Bonnefond. Le président de l’USPO compte d’ailleurs sur les groupements de pharmaciens pour mener efficacement les négociations sur les prix des tests. Enfin, pour parfaire le dispositif, une clause de revoyure a été prévue par les partenaires. Elle permettra d’établir sur une base chiffrée la baisse de la consommation d’antibiotiques et à partir de ce bilan, de revoir le niveau de tarifs accordés aux pharmaciens sous forme d’une « prime aux résultats ». Gilles Bonnefond rappelle que les antibiotiques les plus fréquemment prescrits représentent un volume de 85 à 90 millions de boîtes par an, soit un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros pour l’officine. En moyenne, les TROD révèlent dans 80 à 90 % des cas, une angine d’origine virale.
5,66 euros
Ce n'est pas tant ce montant du TFR de la metformine 850 mg (boîte de 90 comprimés)* que la mise sous TFR du Glucophage elle-même qui provoque la colère des syndicats. Ils y voient une mesure prise unilatéralement et de manière totalement injustifiée. Dans un communiqué, l’USPO contestait avec véhémence fin août cette décision du Comité économique des produits de santé (CEPS) publiée au « Journal officiel » du 30 juillet. Il dénonce une attaque de la politique du générique alors même que ce médicament est substitué à 95 % par les pharmaciens depuis sa commercialisation. Cette mesure, lourde de conséquences pour les pharmaciens d’officine, a également conduit la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) à saisir le CEPS. Face au silence de celui-ci, Philippe Besset, président de la FSPF, ne se démonte pas et annonce qu’il explore désormais d’autres voies de recours, un recours hiérarchique auprès de la ministre de la Santé, voire un recours judiciaire.
*2,06 euros pour la boîte de 30 comprimés pelliculés
150 millions d'euros
Les pharmaciens pourraient se féliciter de ce montant qui correspond à leur « surperformance » d’ici à la fin 2020 sur leurs honoraires pour les médicaments dits « spécifiques ». Il n’en est rien. Car les pouvoirs publics sont bien décidés à récupérer ce dépassement, soit en diminuant le montant des honoraires quitte à négocier un avenant conventionnel, soit en modifiant les paramètres de la marge par arrêté.
Deux options auxquelles s’oppose formellement la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Le syndicat considère d’ailleurs que ces 150 millions d’euros excédentaires sont un faux problème eu égard au niveau de la rémunération « qui restera très inférieur à celui de 2016, année de référence inscrite dans l’avenant n° 11 ». Le syndicat n'est d'ailleurs pas à court d'arguments pour motiver son refus de céder aux exigences des autorités. La baisse continue du prix du médicament, la perte d’environ 120 millions d’euros de marge suite au déremboursement de l’homéopathie ou encore la perspective d’un projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2020) « menaçant », sont pour la FSPF autant de raisons supplémentaires pour adresser à l'assurance-maladie une fin de non-recevoir.
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