AU PREMIER TRIMESTRE 2015, et sur l’ensemble des médicaments remboursables, les pharmaciens enregistrent une hausse des volumes vendus de 2,22 %, notamment grâce à une augmentation du nombre d’ordonnances de 1,26 %. En toute logique, ce retour d’activité aurait dû s’accompagner d’une amélioration du chiffre d’affaires et de la marge. Mais il n’en est rien. Le chiffre d’affaires s’établit à un peu plus de 6,5 millions d’euros, soit une baisse de 0,83 % par rapport au premier trimestre 2014. Quant à la marge totale, incluant les honoraires à la boîte et les honoraires pour les ordonnances complexes, elle atteint un peu moins de 1,4 million d’euros, en décroissance de 0,59 %. Au total, la perte de marge sur les trois premiers mois de l’année est de 8,3 millions d’euros. Sur le seul périmètre des médicaments remboursés, la hausse des volumes écoulés se confirme à 1,79 %, mais le chiffre d’affaires chute de 1,19 % et la marge de 1,09 %. La perte de marge est de 14,2 millions d’euros.
« Cela montre que les pharmaciens travaillent plus pour gagner moins. Heureusement qu’il y a eu des pathologies hivernales ! Mais nous sortons maintenant des pathologies de l’hiver, les baisses de prix massives vont commencer à s’appliquer en avril et mai, donc nous allons perdre encore plus d’argent », s’exaspère Gilles Bonnefond, président de l’Union syndicale des pharmaciens d’officine (USPO). L’occasion pour lui de rappeler qu’il ne partage pas l’analyse de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui a démontré à la mi-mars que les résultats officinaux auraient été moindres si la réforme n’était pas entrée en application au 1er janvier. Le syndicat majoritaire note néanmoins que la nouvelle rémunération ne compense pas totalement les baisses de prix de la LFSS 2015, baisses de prix qui n’avaient pas été prévues lors des négociations sur la nouvelle rémunération. Au final, la FSPF se félicite de la mise en place de la réforme, même si elle regrette qu’elle n’ait pas vu le jour plus tôt et que l’honoraire à la boîte ait commencé à 0,82 euro et non directement à 1,02 euro.
Lettre morte.
Cette deuxième étape est donc attendue impatiemment. Mais pas par l’USPO, ni même l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), qui appellent au contraire à arrêter cette réforme et ainsi annuler le passage à 1,02 euro au 1er janvier 2016. L’USPO demande aux pharmaciens de réagir en envoyant une lettre (à télécharger sur son site) à l’assurance-maladie, pour exprimer leur mécontentement. Gilles Bonnefond rappelle ses autres propositions : une renégociation de la marge avec les pouvoirs publics, un contrat à passer avec l’État pour trois ans, l’intégration des honoraires à l’arrêté de marge, des honoraires à l’ordonnance sur les ordonnances les moins rémunératrices pour le pharmacien. Il souhaite également développer les nouvelles missions et les services des patients à domicile, et inclure la médication officinale « dans un parcours de soins et non dans un parcours de consommation ». L’UNPF déplore elle aussi que l’honoraire actuel ne soit pas déconnecté des volumes et soit sensible aux baisses de prix. « Je rappelle qu’on a annoncé un milliard d’euros de baisses de prix et que l’ONDAM pour 2016, initialement prévu à 2 % est finalement fixé à 1,75 %. Il faut réfléchir à la façon d’aller à l’honoraire à l’ordonnance au plus vite », ajoute Gilles Bonnefond.
Mais les appels à une renégociation avec l’assurance-maladie sont pour le moment restés lettre morte. C’est en substance la réponse donnée par l’organisme aux syndicats le 31 mars dernier. Reste que l’observatoire sur l’évolution du mode de rémunération doit se mettre en place prochainement, ce qui laisse espérer d’éventuels ajustements en fonction justement de ses observations.
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