Aucun laboratoire français n'est parvenu à ce jour à mettre au point un vaccin contre le Covid, de nombreux essais cliniques sont interrompus faute de volontaires, les investissements publics en R & D ont reculé de 25 % au cours des dix dernières années… La crise sanitaire a agi comme un révélateur sur les faiblesses de la France en matière d’innovation en santé.
Afin d’éviter que ce décrochage s’accentue, le gouvernement vient de lancer un vaste programme destiné à redonner aux chercheurs, aux investisseurs et aux industriels le goût de la France. Une agence d’innovation en santé, sera créée, entité dont la mission prioritaire sera d’être l’interlocuteur privilégié de tous les porteurs de projets et d’assurer la cohérence de ce nouvel écosystème d’excellence. Orienté sur 7 axes, ce plan doit tout particulièrement insuffler une dynamique dans la recherche. Il prévoit ainsi d’investir 800 millions d’euros dans le développement de biothérapies, mises en lumière par le succès des vaccins à ARN messager. Ces crédits publics seront assortis d’un effet levier de 2 millions d’euros de financeurs privés afin d’accompagner l’essor industriel nécessaire. Charge en retour aux laboratoires de produire dans les cinq ans au moins cinq nouveaux bio médicaments et de doubler les emplois !
Aides au retour
Le soutien massif aux TPE et start-up figure également au rang de ce programme, quitte à faire revenir dans l’Hexagone les talents partis à l’étranger. Une opération séduction qui dotera d’un budget de 3 à 5 millions d’euros chacun de ces retours. Identifiés comme deux freins majeurs à l’innovation la complexité du système d’autorisation des essais cliniques et les délais trop longs dans la fixation des prix des médicaments seront simplifiés et fluidifiés. Un mécanisme d’accès immédiat au marché pour les médicaments avec une ASMR 1 à 4 sera mis en place à l’instar du système allemand d’accès au marché, avec un test pendant 2 ans.
Toujours dans le chapitre du médicament, l’empreinte industrielle sera prise en compte dans la fixation du prix du médicament et les investissements seront favorisés sur le territoire grâce à une hausse des crédits CSIS* médicaments dont bénéficieront également les dispositifs médicaux. Les industries de la santé seront par ailleurs soutenues dans leur investissement et leur relocalisation en France par un programme de 1,5 milliard d’euros à l’échelle européenne. Autre gage d’efficacité : le décloisonnement sera intensifié entre le privé et le public. Une volonté qui sera – entre autres — incarnée par l’émergence de clusters de renommée internationale à l’instar de celui qui devrait voir le jour en oncologie, autour de l’INSERM, l'institut Gustave Roussy, Paris-Saclay, Polytechnique et Sanofi. Au total 1 milliard d’euros sera ainsi alloué pour renforcer la politique de site de recherche biomédicale, y compris par la création de centres d’excellences (IHU).
Le gouvernement a tiré d’autres leçons de la crise sanitaire et dans une approche « One Health » dédiera 750 millions d’euros à la recherche sur dix à vingt virus et maladies infectieuses parmi les plus dangereux, afin d’anticiper l’apparition d’une nouvelle pandémie. En ayant, comme le souhaite Emmanuel Macron « presque sur étagère, les traitements et vaccins adaptés - au moins en phase préclinique ».
*Conseil stratégique des industries de santé
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