Porte-parole de 29 laboratoires pharmaceutiques investis dans les produits de santé et de prévention de premiers recours disponibles sans ordonnance en pharmacie (médicaments, dispositifs médicaux et compléments alimentaires), NèreS appelle à capitaliser sur les leçons de la crise. Certes, les marchés ont subi des baisses importantes depuis mars 2020, qui s’expliquent par une baisse du trafic en officine et une chute des pathologies saisonnières en raison des confinements, des gestes barrières et du télétravail. Mais elles ont aussi vu un report des achats qui se faisaient jusqu’alors en parapharmacies, fermées pendant le premier confinement, et ont su en partie fidéliser cette nouvelle patientèle.
« Cela s’est matérialisé en 2020 par une baisse du chiffre d’affaires sur les compléments alimentaires vendus en parapharmacie de 9 % tandis que ce chiffre augmentait de 1,8 % à l’officine », note Luc Besançon, délégué général de NèreS. « Ce changement d’habitudes repose sur la découverte ou la redécouverte par une partie de la population de la pharmacie de quartier. » De fait, en 2020, cette typologie d’officines s’en est le moins mal sortie dans un contexte global de recul du chiffre d’affaires et du trafic. « Pour rebondir, le pharmacien doit d’abord se demander comment faire pour mieux connaître son patient. Il le connaît concernant l’activité des prescriptions remboursables mais beaucoup moins sur l’autre versant : les médicaments à prescription médicale facultative (PMF), les dispositifs médicaux non prescrits et les compléments alimentaires », ajoute Luc Besançon. La solution proposée par NèreS ? L’inscription de ces produits non prescrits de façon systématique « au moins dans le dossier de la pharmacie », sinon dans le dossier pharmaceutique (DP). Un segment de marché important puisque 80 % des Français ont recours, chaque année, aux produits de santé et de prévention de premier recours et 25 % des visites en pharmacie ont pour objet l’achat de ces produits, soit 310 millions de visites par an, rappelle l’association.
Parcours de soins officinal
Cette inscription au dossier de la pharmacie ou au DP fait partie des propositions détaillées de NèreS sur la plateforme mise en ligne mi-septembre en vue de l’élection présidentielle. Le but : développer une vision politique et stratégique sur la place de ces produits dans le système de santé et promouvoir le parcours de soins officinal auprès des Français pour qu’ils acquièrent le réflexe pharmacien. Pour en garantir le succès, l’association préconise une prise en charge des produits de santé et de prévention de premier recours, par exemple par les organismes d’assurance complémentaire, et une sécurisation de la dispensation par l’inscription au DP et au DMP, durant deux ans, des médicaments nouvellement délistés.
Cette promotion du pharmacien de premier recours vise aussi à renforcer son engagement sur des marchés particulièrement dynamiques que sont ceux des dispositifs médicaux et des compléments alimentaires, dont la progression du chiffre d’affaires en pharmacie sur les huit dernières années est respectivement de 46 % et de 71 %. « C’est pourquoi le pharmacien doit réfléchir à la place qu’il veut donner à ces produits, à la fois dans les rayons de son officine mais aussi dans son conseil, précise Luc Besançon. Les produits de santé et de prévention de premier recours ont un rendement au mètre linéaire compris entre 3 000 et 5 000 euros quand les autres produits de la pharmacie tournent plutôt autour de 1 300 euros le mètre linéaire. »
Conseil et proximité
La question n’est « évidemment pas de pousser à la consommation » mais de rendre visible ces familles de produits « pour que le patient se rende compte de l’éventail de références que son pharmacien peut lui proposer en l’accompagnant toujours de son conseil ». Un positionnement qui trouve sa justification dans l’appétence des Français, renforcée encore par la crise sanitaire, pour des solutions de santé et de prévention plus douces. « On ne vient pas en pharmacie pour avoir un médicament, un complément alimentaire ou un dispositif médical, on vient en pharmacie pour avoir un conseil de la part de son professionnel de santé de proximité. Au pharmacien de guider et d’orienter son patient », ajoute encore le délégué général de NèreS.
Un rôle de premier recours que l’association défend par le biais d’une campagne de communication grand public lancée le 25 septembre dernier, à l’occasion de la journée mondiale des pharmaciens, en partenariat avec l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF). Principalement digitale, celle-ci se déroule jusqu’en février prochain avec pour signature « Ma pharmacie, mon conseil santé ! ». Axée sur les maux de l’hiver, la campagne devrait être reconduite à intervalle régulier avec une adaptation aux différentes saisons. « C’est notre combat pour renforcer et valoriser le rôle du pharmacien dans les soins et la santé du quotidien. »
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Gestion comptable
Fidéliser sa clientèle ? Oui, mais pas à n’importe quel prix
Portrait
Jérémie Kneubuhl : le pharmacien aux 50 millions de clics