Une enquête nationale de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) dévoilée ce 11 octobre confirme qu’une très large majorité des pharmaciens ont constaté une dégradation de leur niveau de trésorerie au cours des douze derniers mois. Aujourd’hui, près de 20 % des officinaux sont même dans le rouge.
Selon cette consultation menée en septembre et à laquelle ont répondu plus de 2 600 titulaires (installés dans tous types d’environnement et déclarant un chiffre d’affaires allant de moins de 0,5 million d’euros à plus de 5 millions d’euros), près des trois quarts (73,3 %) des officinaux déplorent une dégradation de leur trésorerie entre le 31 août 2023 et le 31 août 2024. Sur cette même période, un peu plus de 19 % des pharmaciens ont vu leur trésorerie se stabiliser et seulement 7,5 % des sondés disposent de davantage de liquidités disponibles aujourd’hui qu’il y a un an. Autre chiffre édifiant : près de 20 % des pharmaciens sont aujourd’hui dans le négatif contre environ 12 % en août 2023.
C’est la première fois depuis 2008 que la FSPF décide de mener une enquête nationale sur la trésorerie des officines. « Depuis le début du XXIe siècle, 2008 et 2023 sont les deux seules années où l’excédent brut d’exploitation (EBE) des pharmacies est en diminution, explique Philippe Besset, président de la FSPF. Lorsque cela se produit, on constate une dégradation de la trésorerie l’année suivante et c’est donc le cas en 2024 », ajoute-t-il. Notons que la FSPF, contrairement au cabinet d’experts-comptables, exclut les stocks pour définir le niveau de trésorerie.
Comme l’analyse Philippe Besset, on observe que deux catégories de pharmaciens ont particulièrement souffert entre 2023 et 2024. « Cette érosion de la trésorerie concerne tout le monde, mais ceux qui enregistrent les baisses les plus importantes sont les pharmaciens qui ont acheté au cours des deux années précédentes, durant les années Covid, et ceux qui sont installés en centre-ville. Ces derniers ont davantage subi une hausse de leurs charges que les pharmaciens en zone rurale », détaille le président de la FSPF. Pour faire face à cette dégradation de leur trésorerie, plus de 53 % des titulaires ont choisi de rogner leur propre salaire, 44 % ont gelé ou reporté leurs investissements et environ un tiers a renoncé à de nouvelles embauches ou a décidé de diminuer ses effectifs.
Si ces chiffres sont inquiétants, Philippe Besset veut toutefois essayer de rassurer ses confrères et consœurs en prédisant une légère amélioration l’an prochain. « En 2009, 36 % des pharmaciens étaient dans le rouge. La situation était donc bien pire que celle d’aujourd’hui et nous avons su nous en relever. Néanmoins, la situation est grave et il faut que le gouvernement et le Parlement en prennent la mesure », insiste-t-il, faisant y référence au contenu du Projet de loi finances de la Sécurité sociale (PLFSS), dévoilé ce jeudi. Le président de la FSPF a également décidé de renouveler cette enquête nationale sur la trésorerie des officines chaque année pour observer au mieux l’évolution de la situation.
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