Le message est clair. La situation sanitaire se détériore, le nombre de cas quotidien augmente chaque semaine, la tension hospitalière se durcit, le tout à quelques encablures des fêtes de Noël et du Jour de l’an. Les modélisations qui prévoient d’atteindre les 3 000 malades en soins critiques dans une dizaine de jours peuvent inquiéter, alors que certains hôpitaux déprogramment déjà des opérations. Mais, rappelle le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, à nombre de contaminations équivalent l’année dernière, « le pays était confiné, les services hospitaliers presque saturés et Noël en grand danger ». Le bouclier vaccinal associé aux gestes barrières fait donc son office. Il convient néanmoins d’utiliser « toute la boîte à outils » pour limiter les effets de la 5e vague, remarque Jean-François Delfraissy.
Pour y parvenir, le Conseil scientifique Covid-19 publie ses recommandations avant les fêtes de fin d’année, que son président résume par « du bon sens ». Si les fêtes pourront bien avoir lieu, il recommande de « limiter le nombre de convives », de s’assurer d’une bonne couverture vaccinale en présence de personnes fragiles et surtout de « faire un test antigénique le vendredi avant Noël, ou un autotest le samedi avant d’aller déjeuner en famille. Il faut une utilisation très large des tests diagnostiques, d’autant qu’ils sont pris en charge pour les personnes vaccinées, donc pour une très large part de la population ». Et de répéter, « ce n’est pas parce qu’on est vacciné qu’on ne peut pas transmettre. Donc ce n’est pas parce qu’on est vacciné qu’on ne se fait pas tester ».
Campagne de rappel
Un premier message qui promet un afflux de demandes de dépistage en pharmacie les jours précédant les fêtes de fin d’année, alors même que le nombre de tests réalisés ne cesse d’augmenter ces dernières semaines. Et qui s’ajoute à la confiance renouvelée de Jean-François Delfraissy dans le rôle des pharmaciens dans la campagne de rappel vaccinal. Car c’est bien l’outil principal à brandir face à la 5e vague. La vaccination, essentielle dans ce combat contre la pandémie, est un succès en France où plus de 88 % de la population éligible est complètement vaccinée. Mais l’efficacité vaccinale baisse avec le temps, en particulier sur la transmission virale qui chute d’environ 70 % à 30 % en 5 à 6 mois.
D’où l’importance du rappel vaccinal, ouvert aux plus fragiles en septembre et désormais à toute la population adulte, qui multiplie par 7 à 10 la réponse immunitaire. Plus de 12 millions de Français l’ont déjà reçu sur un objectif de 26 millions en janvier. « Je le redis, je compte beaucoup sur les pharmaciens pour le rappel vaccinal, ce sont des agents de santé au niveau local qui ont un respect profond des populations », insiste le Pr Delfraissy. Le nombre de doses disponibles est suffisant en France, à condition d’utiliser les deux vaccins – Pfizer et Moderna – dont l’efficacité est comparable. Il appelle par ailleurs les soignants à faire leur rappel vaccinal, constatant que seulement 30 % des personnels en établissements hospitaliers et médico-sociaux éligibles l’ont effectué.
La menace Omicron
Mais vaccination et dépistage seront-ils suffisants pour faire face au nouveau variant Omicron ? La mauvaise nouvelle est qu’il présente un taux de transmission plus élevé que Delta, déjà très élevé, car sa contagiosité semble forte et il est moins sensible à l’immunité (naturelle ou vaccinale). « Il faut rester humble, la science évolue et parfois se trompe. Mais il n’y a pas de signe qu’Omicron entraîne des formes plus graves que Delta, il semble même qu’il entraîne des formes cliniques avec moins d’atteintes respiratoires. » Des données d'Afrique du Sud à manier avec précaution, sa population étant particulièrement jeune, avec seulement 27 % de personnes vaccinées et un grand nombre de personnes ayant déjà été infectées par un précédent variant, alors que la population européenne est plus âgée, plus vaccinée et moins infectée. « A priori Omicron reste sensible aux vaccins disponibles même s’il y aura certainement une baisse de l’efficacité des vaccins. Les compagnies pharmaceutiques sont en train de développer un vaccin adapté qui pourrait être prêt en mars-avril, ce qui veut dire qu’il serait opérationnel en juin. C’est pourquoi je dis aux personnes qui veulent attendre ce vaccin adapté à Omicron pour faire leur rappel que c’est une mauvaise idée, il faut qu’elles se protègent maintenant face à la vague dont Delta est responsable. »
Autre préoccupation en lien avec Omicron : la faible vaccination dans certains territoires d’outre mer. Un « échec collectif à convaincre », pour Jean-François Delfraissy, en particulier en Guadeloupe, et qui repose sur « un problème profond qui dépasse le vaccin ». Il appelle à « respecter une population qui refuse la vaccination tout en essayant encore et encore de la convaincre » et à faire en sorte que le nouveau variant « y pénètre le moins possible au risque de repartir sur une situation très difficile comme en août dernier ». Il attire d’ailleurs l’attention sur « l’enjeu des vacances de fin d’année pendant lesquelles certains de nos concitoyens Antillais vont venir en métropole ». Il ne faudrait pas qu’ils repartent après les fêtes avec Omicron dans leurs valises.
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