Le Quotidien du pharmacien. — Le gouvernement a annoncé jeudi dernier l’élargissement prochain de la vaccination des 5-11 ans, jusque-là dévolue aux seuls médecins, aux pharmaciens et aux infirmières pour accélérer la campagne. Cette mesure vous semble-t-elle judicieuse ?
Pr Robert Cohen. — Ce serait parfaitement judicieux s’il y avait une population à vacciner importante, comme lors de l’ouverture de la vaccination à tous les adultes ou de l'arrivée du passe sanitaire. Mais en tant que pédiatre, je constate qu'il n'y a pas de précipitation de la part des parents, que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Du côté des bonnes raisons, il faut rappeler que de nombreuses études ont démontré que la maladie est beaucoup moins grave chez l’enfant que l’adulte. Les enfants ne représentent qu'une toute petite partie des hospitalisés, des personnes en réanimation et des décès. Cependant, si le risque est moindre, il n'est pas nul. Les sociétés savantes de pédiatrie sont toutes favorables à cette vaccination à condition que les données de tolérance à large échelle soient publiées, ce qui est le cas.
Quelles sont les questions que vous posent les parents ? Et quels arguments utilisez-vous pour les convaincre ?
L'intérêt collectif de la vaccination face à Omicron est très modeste puisque tout le monde se fait infecter. Aujourd'hui, les questions que les parents nous posent tournent autour de la tolérance et de l'efficacité du vaccin. Les données de tolérance sont très positives et sont inchangées quel que soit le variant. En revanche, les taux d'efficacité sur le terrain passent de 80-90 % contre les précédents variants à 50 % contre Omicron. De plus, cette efficacité dure moins longtemps face à Omicron. Nous manquons encore de recul, mais de ce que je constate aujourd'hui, un tiers des enfants que j'ai vaccinés ont attrapé Omicron. Ils vont bien. Mais cela veut dire qu'il faut accepter d’être extrêmement modeste devant ce virus.
Une prépublication du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) montre que 83 % des enfants hospitalisés n’avaient aucun facteur de risque. Quel est le profil des enfants qui contractent une forme grave du Covid ?
C’est parfaitement vrai, même si nous pouvons moduler ce chiffre en fonction de l’endroit où ces enfants sont hospitalisés. Pour être plus précis sur le profil des enfants, 50 % d'entre eux ont moins de 1 an et sont hospitalisés pour des pathologies bénignes qui justifient des explorations, à partir desquelles nous découvrons qu’ils ont le Covid. De plus, selon le service dans lequel ils sont hospitalisés, 20 à 40 % de ces enfants sont dépistés positifs de manière fortuite. C'est par exemple le cas avant une chirurgie, comme pour une appendicite. Enfin, il y a ceux qui ont des facteurs de risques que la maladie vient aggraver. Au total, cela représente quand même plusieurs centaines de passages en réanimation.
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