Nous sommes début décembre, Pfizer et Moderna viennent tout juste d'annoncer les résultats des vaccins qu'ils ont mis au point contre le Covid-19. La Haute Autorité de santé (HAS) publie alors un premier document afin de tracer les grandes lignes de la campagne de vaccination à venir. L'autorité sanitaire y affirme notamment son souhait de voir « les professionnels de terrain, (dont les pharmaciens), participer à la vaccination malgré les problématiques de conservation de certains vaccins ». Quelques jours plus tard, le « Monsieur vaccin » tout juste nommé par le gouvernement, le Pr Alain Fischer, propose de confier aux officinaux un rôle « d'ambassadeur de la vaccination », aux côtés des infirmiers et des médecins généralistes car, selon lui, « les informations doivent provenir des personnes auprès desquelles la population a l'habitude de s'informer ». C'était avant le lancement officiel de la campagne, le 27 décembre.
Depuis cette date, le très faible nombre de personnes vaccinées au cours des dix premiers jours suscite la critique. Dans un tweet posté le 4 janvier, l'Académie de pharmacie a tenu à s'exprimer. « Le principe de précaution ne doit pas entraver la liberté de recevoir le vaccin dans les meilleurs délais ! Toutes les personnes qui souhaitent se faire vacciner contre le Covid-19 doivent pouvoir le faire aussi rapidement que possible en associant les pharmaciens à la vaccination. » Membre de l'Académie de pharmacie et titulaire à Fontenay-sous-Bois, dans le Val-de-Marne, Martial Fraysse estime, au vu des difficultés actuelles, qu'il était important de rappeler aux autorités le rôle que pourront jouer les pharmaciens dans cette campagne. « Pour qu'on ne nous oublie pas, il vaut mieux s'exprimer à nouveau aujourd'hui et rappeler que nous pouvons être sollicités », estime-t-il. Comme l'a rappelé le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), « des concertations vont s’engager prochainement dans le cadre des cellules territoriales vaccination, afin notamment de procéder à un élargissement supplémentaire de l’offre de lieux de vaccination ». Pour Martial Fraysse, c'est avant tout en pharmacie qu'il faudrait permettre aux officinaux de vacciner, même s'il n'en est pas encore question à l’heure actuelle (voir ci-dessus). « Nous avons moins l'habitude de travailler hors les murs que les infirmiers ou les médecins. De plus, la pharmacie est un excellent lieu pour vacciner, souligne-t-il. Mais le plus important serait surtout de ne pas nous imposer des procédures trop contraignantes, donner au contraire un cadre général puis laisser les professionnels de santé s'organiser entre eux », juge-t-il. Une position qui rejoint celle de l'Union des syndicats des pharmaciens d'officine (USPO). « Tous les patients ne pourront pas se déplacer vers les centres de vaccination, il est donc essentiel que les professionnels de santé de proximité puissent vacciner au plus près de la population », affirme ainsi le syndicat.
D'autres, à l'instar de Laurent Filoche, président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO), voudraient surtout aller plus vite. « Les pharmaciens, les médecins et les infirmiers libéraux ont vacciné contre la grippe 12 millions de personnes en un temps record il y a moins de 3 mois. Arrêtons les usines à gaz et vaccinons contre le Covid dès maintenant dans nos officines et les cabinets », a ainsi posté Laurent Filoche sur les réseaux sociaux. Néanmoins, comme tous les pharmaciens désireux de vacciner contre le Covid, il devra certainement se montrer patient.
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