Le ministère de la santé britannique annonce que l’Angleterre pourrait être le premier pays au monde à prescrire la cigarette électronique dans le sevrage tabagique.
Une e-cigarette prescrite et remboursée ? Le sujet a été maintes fois évoqué depuis l’apparition du vapotage au début des années 2010. L’Angleterre veut que l’idée devienne réalité. Dans ce cadre, le ministère de la Santé invite les fabricants à soumettre leurs produits à l’agence britannique du médicament (MHRA) pour qu’ils soient évalués en tant que produit de santé. S’ils obtiennent le feu vert de l’agence, qui vient de publier un guide à l’intention des fabricants, ils seront considérés comme des dispositifs médicaux et pourront être prescrits par les médecins. Ces derniers pourront alors « décider au cas par cas s'il est approprié de prescrire une e-cigarette à des patients pour les aider à arrêter de fumer ».
En France, l’idée de faire de l’e-cigarette un produit de santé remonte à début 2016, dans une recommandation du Haut Conseil de santé publique (HCSP) qui appelait les industriels à engager une réflexion sur la faisabilité d’une cigarette électronique médicalisée, sur prescription et délivrée à l’officine. Le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue connu pour sa lutte contre le tabagisme et sa défense de la e-cig comme outil de sevrage tabagique, expliquait en septembre 2017 que le problème d’une telle idée reposait sur la durée de l’évaluation des autorités sanitaires alors qu’une e-cigarette est obsolète en deux ans. À ses yeux, à défaut de prescrire une e-cig, le médecin peut toujours la recommander…
Son confrère britannique, le Pr Peter Hajek, directeur de l’unité de recherche sur la dépendance au tabac à la Queen Mary University de Londres, estime pour sa part que l’annonce du gouvernement britannique « envoie un message positif » en faveur de l’e-cigarette dans le sevrage tabagique. Interrogé par la BBC, il se demande néanmoins si les coûts afférents à une demande d’approbation par les autorités sanitaires ne vont pas décourager les fabricants et surtout si l’adhésion des patients sera au rendez-vous. « Les fumeurs tirent davantage profit des e-cigarettes dont ils peuvent choisir les arômes, la force de vape, etc. que s’ils sont limités à ce qui aura été approuvé par les autorités. De plus, il ne me semble pas nécessaire que la Sécurité sociale (la NHS) paye pour quelque chose que les fumeurs sont heureux d’acheter eux-mêmes. Il paraît plus simple de recommander des produits qui existent déjà et qui sont bien régulés par les systèmes de protection des consommateurs. »
Le ministère de la Santé britannique précise qu’une e-cigarette approuvée par les autorités sanitaires aura subi « des tests de sûreté encore plus rigoureux » et qu’elle jouera un rôle dans le « rééquilibrage » du pays promis par le Premier ministre, face aux importantes disparités en matière de tabagisme entre régions défavorisées et riches. Au Royaume-Uni, les pharmacies sont déjà autorisées à vendre des e-cigarettes.
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