Une nouvelle fois, l’Autorité de la concurrence a dit tout le bien qu’elle pensait de la vente en ligne de médicaments et tout le mal engendré par les règles restrictives mises en place en France ayant pour résultat un développement « embryonnaire ». Seulement 362 officines autorisées vendent effectivement des médicaments en ligne, soit 1,66 % du réseau de pharmacies, pour une part de marché de 1 % sur l’ensemble des ventes de médicaments à prescription médicale facultative (PMF).
« En Allemagne cette part de marché est de 14 % », précise la présidente de l’autorité de la concurrence, Isabelle de Silva. L’instance confirme « le retard de la France » fortement concurrencée par des acteurs étrangers n’ayant pas les mêmes restrictions à respecter, incitant les patients français à se tourner vers eux. Elle propose de lever les principaux points de blocage : l’obligation d’un lieu de stockage très proche de l’officine, la stricte présentation du site Internet et son droit à faire connaître ses activités, le nombre de pharmaciens en fonction du chiffre d’affaires. Le Premier ministre Edouard Philippe s’est déjà exprimé favorablement à la levée de certaines restrictions.
L’Association française des pharmacies en ligne (AFPEL) se félicite des constats de l’Autorité de la concurrence. Elle regrette que les règles ne soient pas les mêmes pour tous les sites proposant des médicaments en ligne et souligne que « des sites suisses, et bientôt belges, pratiquent déjà la e-délivrance de médicaments sur ordonnance » et captent des patients français.
Sécurité du patient
La présidente de l’Ordre national des pharmaciens, Carine Wolf-Thal, se dit prête à discuter de possibles évolutions des restrictions pour les médicaments en ligne, à deux conditions : garantir la sécurité du patient et l’acte pharmaceutique intégral, sur un site qui doit rester lié « à une officine de brique et de mortier ». Une ouverture également envisagée par le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) Philippe Besset. « Le Premier ministre juge certaines règles trop restrictives. Nous en prenons acte et sommes prêts à étudier, avec la ministre de la Santé, les évolutions utiles compatibles avec la sécurité de la dispensation par le pharmacien d’officine. Il y a une ligne à ne pas franchir : le principe fondamental d’un contact direct entre le patient et son pharmacien d’officine qui prend la responsabilité de la dispensation. »
De son côté, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), prévient qu’il s’oppose résolument aux « plateformes Internet ». Une façon de répondre à Isabelle de Silva qui a précisé que l’Autorité de la concurrence ne proposait pas d’ouvrir le marché à des pure players, trop éloignés du modèle français, tout en avouant qu’un « Newpharma français, ça serait quand même très bien ». À défaut, elle compte sur « des pharmaciens très dynamiques qui sont prêts à faire des choses d’une certaine envergure ». Gilles Bonnefond rappelle par ailleurs que la vente de médicaments en ligne a peu d’intérêt en France étant donné le maillage démo-géographique des pharmacies et les prix français des médicaments qui figurent parmi les plus bas d’Europe.
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