Dans un projet d’avis publié aujourd’hui, la Haute Autorité de santé (HAS) envisage d’étendre la recommandation de la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) aux garçons de 11 à 14 ans, avec un rattrapage possible de 15 à 19 ans. Avant toute décision, elle soumet ce projet à consultation publique.
En France, la vaccination est aujourd’hui recommandée et remboursée pour les filles de 11 à 14 ans, avec un possible rattrapage pour le 15-19 ans. Elle est aussi recommandée jusqu’à 26 ans chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) et chez des patients immunodéprimés. Mais les HPV étant également impliqués dans la survenue de cancers qui ne touchent pas uniquement les femmes ou les HSH comme les cancers de la sphère ORL, la HAS considère qu’une « vaccination élargie à tous les hommes, quelle que soit leur orientation sexuelle, bénéficierait non seulement à leur santé, en les protégeant directement, mais améliorerait aussi la protection des jeunes filles non vaccinées ».
En outre, la HAS souligne qu’il est éthiquement injuste de ne pas proposer le vaccin HPV à tous les hommes puisqu’ils peuvent aussi être infectés et que la stratégie vaccinale actuelle peut être source de non-respect de la vie privée et de stigmatisation liée à l’orientation sexuelle. L’instance note qu’une extension de vaccination sans distinction de sexe ou d’orientation sexuelle pourrait aider les médecins à aborder le sujet avec des adolescents « qui n’ont parfois pas commencé leur vie sexuelle » et que, la santé des femmes concernant également les hommes, elle responsabiliserait l’ensemble des adolescents à la santé sexuelle.
La HAS rappelle que plus de dix ans après les premières recommandations en France, seulement 24 % des jeunes filles se sont fait vacciner selon un schéma complet à 16 ans, ce qui est bien en dessous de l’objectif de 60 % fixé à l’horizon 2 019 dans le cadre du Plan Cancer. C’est pourquoi elle ajoute que « cette extension n’aura de sens que si les pouvoirs publics mettent en œuvre une politique vaccinale plus engagée visant à une proposition vaccinale systématique de la part des professionnels de santé et à restaurer de la confiance vis-à-vis de cette vaccination auprès du public et des professionnels de santé, tout en poursuivant les efforts sur le dépistage du cancer du col de l’utérus ».
Cette recommandation provisoire est soumise à la consultation publique sur le site de la HAS jusqu’au 27 novembre prochain. L’Académie de pharmacie en février, ainsi que « l’appel des 50 » réunissant des sociétés savantes et des syndicats médicaux en mars, notamment, ont déjà pris position en faveur d’une vaccination universelle.
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