Un an et demi après la signature de l’avenant 11, les effets de la réforme se mesurent au-delà de son impact sur l'économie officinale. Comme le souligne Annelore Coury, directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins de la Caisse nationale de l’assurance-maladie, « l’avenant 11 a cherché à rendre l’économie de la pharmacie moins dépendante du prix des médicaments mais il a aussi donné du sens à la profession. » Un constat partagé par Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « L'avenant 11 est un acte fondateur, une véritable stratégie », se félicite-t-il. Il déclare qu'en signant le texte de l’avenant, la profession a choisi « le camp du patient et non celui du commerce ». Un signal qui n’a pas, selon lui, échappé aux pouvoirs publics.
L’avenant 11 serait-il un prélude à la loi Santé et aux avancées qu’elle présage pour l’exercice officinal ? Gilles Bonnefond rappelle que le texte lui-même préside aux destinées de la profession puisqu'il inclut une série d’autres avenants sur le bilan partagé de médication ou la téléconsultation, par exemple. Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), ne récuse pas les principes de la réforme. Ni même ses effets économiques. Cette convention qu’il qualifie de « convention du moins pire », a, selon lui, rempli « son rôle de stabilisateur ». Mais la FSPF attend les chiffres visés par l’observatoire de la rémunération, en mai prochain, pour se prononcer. Car le syndicat met en doute la capacité du nouveau mode de rémunération « à couvrir les charges d’un réseau qui emploie 120 000 personnes et doit faire face à de nombreux investissements ». « Le compte n’y est toujours pas », affirme-t-il, bien que la FSPF soit intervenue « pour faire ajouter à la liste des honoraires de dispensation pour médicaments spécifiques (HDE) certaines molécules, notamment l’aspirine et le Plavix, relevant ainsi la rémunération réglementée de 65 millions d’euros. » « Nous allons à nouveau perdre sur le générique, environ 100 millions d’euros. Sans compter la disparition du CICE », indique Philippe Besset mettant en cause le rôle protecteur de l’avenant 11.
Annelore Coury s’en défend, arguant des investissements consentis par l’assurance-maladie, supérieurs aux prévisions. En effet, la directrice déléguée de la CNAM souligne que l’avenant 11 a plus eu d’impact que ce qui avait été calculé. Elle en veut pour exemple une erreur d’anticipation collective sur l’arrivée de génériques, notamment la rosuvastatine, qui a généré un surcoût de 25 millions d’euros. Un argument que balaie Philippe Besset : « l’assurance-maladie nous dit qu’elle investit. Cela m’importe peu car l’État nous rend avec l’assurance maladie ce qu’il nous prend avec le CEPS * ».
* Comité économique des produits de santé
D'après une table-ronde du « Quotidien du pharmacien » au salon PharmagoraPlus, le 30 mars 2019.
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