Mauvaise nouvelle pour l’économie officinale. Car si la crise du Covid-19 risque de lui coûter cher en provoquant une inflexion de l’activité estimée à 25 % pour le seul mois d’avril, la sortie de crise pourrait se révéler elle aussi très douloureuse. En effet, ni l’épidémie du Coronavirus, ni la mobilisation des syndicats de pharmaciens n’ont fait reculer le gouvernement sur son projet de décret portant sur la réduction de 50 à 30 jours (90 à 60 jours en Outre-Mer) du délai pendant lequel les pharmaciens peuvent, en cas de modification de prix, continuer à vendre une spécialité à son ancien prix. Une pénalité pour le réseau officinal que la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) chiffre à 56 millions d’euros en se basant sur le Rapport charges et produits de la CNAM pour l'année 2020.
Un flux tendu risqué
Alors que ce décret a franchi le seuil du Conseil d’État et devrait être soumis au conseil de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (UNCAM), Philippe Besset, président de la FSPF, joue son va-tout. Il a fourni à l’Union des entreprises de proximité (U2P), qui siège à cette instance, un argumentaire contre ce projet totalement anachronique puisqu’il « arrive par rapport à une proposition de charges et produit de juillet 2019. Autant dire une autre époque au regard de la crise sanitaire que le pays traverse actuellement ».
Ce texte tombe d'autant plus mal que ces dispositions vont de facto inciter les pharmaciens à réduire leur stock « tampon » pour gérer leurs stocks en flux tendu afin de limiter les pertes financières consécutives aux baisses de prix. Or, cette option n’est sans doute pas la meilleure pour faire face aux tensions d’approvisionnement, voire de ruptures, que connaissent les officines. La crise sanitaire que nous subissons actuellement nous le rappelle tous les jours.
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