« LE PHARMACIEN est le spécialiste du médicament et le garant de son bon usage. Ses compétences pourraient permettre d’améliorer la prévention, le dépistage, ou encore l’observance, plutôt que de manier une paire de ciseaux. » Avec ce discours, le président de l’URPS d’Ile-de-France, Renaud Nadjahi, souhaite affirmer l’opposition des pharmaciens franciliens à l’expérimentation de la dispensation à l’unité d’antibiotiques. Souhaitée par le ministère, elle doit se dérouler dans 100 officines de quatre régions, pendant un an. Mais pour les pharmaciens de l’URPS Ile-de-France, il est hors de question de jouer le jeu. « Réunie en séance plénière le 16 juin, l’URPS s’est déclarée unanimement opposée à l’engagement dans cette expérimentation, ainsi qu’à sa promotion », martèle Renaud Nadjahi. Il appelle d’ailleurs ses homologues de Lorraine, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Limousin (également concernées par l’expérimentation) à l’imiter.
Pas une solution au mésusage.
« La délivrance à l’unité n’est pas la solution au problème du mésusage du médicament », estime-t-il. Pour lui, la plupart des conditionnements sont d’ores et déjà adaptés à la posologie et à la durée du traitement. Il arrive cependant que les prescripteurs ne respectent pas la durée prévue par l’autorisation de mise sur le marché (AMM), mais dans ce cas le problème pourrait être réglé en amont. L’URPS estime que « l’utilisation des ressources des professionnels de santé doit être concentrée sur l’éducation des patients à l’acceptation du traitement prescrit et à l’observance ». Mais il lui semble que l’argument de santé publique n’est pas la préoccupation principale du gouvernement. « Les critères d’évaluation prennent aussi en compte le coût », remarque Renaud Nadjahi. Il estime que « si on suit l’AMM, avec une durée de traitement et une posologie adaptée, on règle facilement cette question de coût ». L’URPS Ile-de-France rejette donc cette expérience et réclame le pouvoir « d’ajuster la posologie et/ou la durée du traitement dans le cadre de l’AMM correspondant au conditionnement adapté, en accord avec le médecin et sauf avis contraire mentionné sur l’ordonnance ». Actuellement, selon l’URPS, aucun pharmacien d’Ile-de-France n’aurait encore répondu à l’appel à candidatures de l’Agence régionale de santé (ARS).
Une position isolée.
Mais cette position de l’Ile-de-France ne semble pas partagée par les autres Unions concernées par l’expérimentation. Alain Perrier, président de l’URPS Limousin, indique « ne pas être vent debout contre ce projet », même s’il n’y est pas forcément favorable à titre personnel. « Nous avons indiqué à l’ARS que nous n’étions pas contre une expérimentation, mais à certaines conditions : nous voulons savoir les règles du jeu avant de dire oui ou non, que les collègues ne soient pas surchargés de travail et qu’ils soient rémunérés pour cette mission. Il ne faut pas que cela soit trop contraignant pour eux », détaille-t-il. Par ailleurs, il estime que « pour être cohérent, si je propose à mes confrères de participer à l’expérimentation, je me porterai moi-même candidat ». De son côté, Charles Fauré, président de l’URPS de PACA annonce également qu’il ne « s’opposera pas à l’expérimentation, qui a été décidée par le ministère et validée par la FSPF ». « J’attends de voir comment tout cela pourra se réaliser, notamment en termes de coûts et de logistique », explique-t-il. Il trouve néanmoins « dérangeant » que l’URPS d’Ile-de-France se soit déclarée hostile à ce projet. « C’est aux syndicats de rester vigilants, l’URPS doit défendre les pharmaciens, tandis que les syndicats s’occupent de l’économie », indique-t-il. Enfin, l’URPS de Lorraine n’a pas encore été sollicitée par l’ARS et réserve sa décision. « Nous avons une réunion prochainement qui nous permettra de nous prononcer », annonce Christophe Wilcke, président de l’URPS Lorraine.
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