L’épidémie de grippe s’est généralisée sur toute la France, et a « probablement atteint son pic », a déclaré la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Pour le moment, environ 1 100 décès sont à ce stade attribuables à l'épidémie, selon des chiffres dévoilés par l’agence Santé Publique France le 6 février.
La grippe manifeste sa présence en ville comme à l’hôpital. « En ville, on compte 536 consultations pour syndrome grippal pour 100 000 habitants », précise l’agence sanitaire. Et à l’hôpital, « la part des hospitalisations pour grippe ou syndrome grippal est de 30/10 000 hospitalisations, un chiffre en très forte augmentation ». Ainsi, plus de 12 000 passages aux urgences pour grippe ont été rapportés la semaine du 28 janvier au 3 février, dont 1 823 hospitalisations (+70 % par rapport à la semaine précédente). Ces hospitalisations concernent particulièrement les 75-ans et plus (43 %) et les enfants de moins de 5 ans (15 %).
Que du virus A
Les souches qui circulent sont presque toutes des virus de type A. « 100 % de virus de type A ont été détectés en médecine ambulatoire et 99 % en milieu hospitalier », avance Santé publique France. En ville, il s’agit dans 55 % des cas de virus A (H3N2) et dans 38 % des cas des virus A (H1N1), les 7 % restants étant d’autres virus de type A.
Malheureusement, il semble que cette année, le vaccin contre la grippe protège moyennement contre ces souches circulantes. « Chez l'ensemble des personnes à risque, l'efficacité de la vaccination en médecine de ville est, selon de premières estimations, de 59 % contre le virus A (H1N1) et seulement de 19 % contre le virus A (H3N2) », constate Santé publique France.
Comme l’efficacité vaccinale semble modeste, Agnès Buzyn insiste sur « l’intérêt de respecter certains gestes de prévention, comme se laver les mains, tousser dans sa manche, éviter de postillonner, etc. ». Néanmoins, la ministre ne réfute pas pour autant l’importance de la vaccination, qui reste la meilleure façon de se protéger de la grippe et de ses complications. Mais « chaque année, la composition du vaccin est un pari : on mise sur les souches qui vont circuler six mois avant que le virus apparaisse dans le monde. Parfois le pari est gagné, de temps en temps il est moyennement gagné et parfois pas du tout », évoque la ministre.
Retour à l'obligation vaccinale ?
Par ailleurs, la question de l’obligation vaccinale pour les professionnels de santé en contact avec des personnes à risque est revenue sur le devant de la scène. En effet, parmi les victimes de la grippe cette année, six personnes (quatre résidents et deux membres du personnel) sont décédées dans un centre de soins du Loiret. « Les deux soignants n'étaient pas vaccinés, souligne Agnès Buzyn. Certaines des personnes âgées décédées l'étaient, mais on sait que chez les gens très âgés, le vaccin est peu efficace car leur système immunitaire fonctionne très mal pour répondre à la vaccination. » Pour les protéger, « les soignants dans les hôpitaux et dans les EHPAD, doivent être vaccinés », a martelé la ministre, en parlant d'instaurer une obligation. « Aujourd'hui, j'ai demandé un effort particulier notamment aux ordres des médecins, des infirmiers, des kinésithérapeutes… pour qu'ils fassent une campagne pro-vaccination. Je verrai quel a été cette année le taux de couverture des soignants. Si vraiment cela ne progresse pas, nous reviendrons peut-être à une obligation vaccinale », a insisté Agnès Buzyn. L’idée a d’ailleurs été retenue par la Cour des comptes, dans son rapport public annuel de 2019.
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