Tous les moyens sont bons, y compris la mauvaise foi. Sous le titre « Au ministère de la santé, les pharmaciens s’occupent des infirmières libérales », la Fédération nationale des infirmiers (FNI) appelle ses adhérents à protester auprès des députés et des sénateurs sur le sort réservé à la profession, dans le chapitre de la vaccination.
Pour appuyer ses dires, la FNI diffuse sur son site un spot mettant en scène Thomas Riquier, chargé de mission Qualité et sécurité de la prise en charge thérapeutique des patients à la Direction générale de l’organisation des soins (DGOS). La FNI voit dans les propos de cet ancien président de la Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et en biologie médicale (FNSIP-BM) qu’elle présente comme un représentant des pharmaciens, la preuve que les pharmaciens d’officine veulent la fin des infirmières libérales. Thomas Riquier ne suggère-t-il pas « que les aides soignantes exercent en libéral et fassent du nursing (...), et que les préparateurs en pharmacie aillent faire les piluliers au domicile des patients et fassent la surveillance de l’observance » ?
Un courrier type erroné
De là à y voir une menace proférée par les officinaux contre la profession infirmière, il n’y a qu’un pas que la FNI franchit d’autant plus aisément qu’elle souhaite, par ce biais, recruter de nouveaux adhérents. En effet, faisant suite à l’intervention de Thomas Riquier, le syndicat n’hésite pas à annoncer sur un ton dramatique « n’attendez pas de disparaître, adhérez à la FNI ».
Dans le courrier type à télécharger et à adresser aux sénateurs et aux députés, pour illustrer son opposition à la vaccination par les pharmaciens, la FNI revient sur ses anciennes accusations, à savoir que l’expérimentation est basée « sur des chiffres tronqués ». « Il existe des problèmes de calcul et de traçabilité des injections vaccinales par les infirmières libérales : un très grand nombre de ces injections ne sont jamais comptabilisées dans les statistiques de couverture vaccinale », expose la FNI, qui rappelle que, « en l’absence de facturation, un grand nombre de vaccins réalisés durant les séances de soins infirmiers ne sont jamais comptabilisés ».
Ces arguments ne sont pas nouveaux. Ce qui l’est davantage est la mise en cause directe, dans ce courrier type, du ministère de la Santé, « un lieu où notre avenir est façonné à notre place… et sans nous », qui « a décidé, sans attendre les résultats de l’expérimentation en cours qui devait durer trois ans, de confier dès l’hiver prochain, les vaccins antigrippe à l’ensemble des pharmaciens du territoire ».
À nouveau, une erreur s’est glissée dans les propos de la FNI. L’expérimentation ne sera pas généralisée à l’ensemble du territoire dès l’hiver prochain, mais uniquement à quatre régions. Les infirmiers libéraux seront donc bien avisés de corriger leur copie avant de l’adresser aux élus.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Portrait
Jérémie Kneubuhl : le pharmacien aux 50 millions de clics
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais