À l’INITIATIVE de l’Italie, le groupe Pompidou, qui réunit, sous l’égide du Conseil de l’Europe, des experts spécialisés dans la lutte contre l’abus et le trafic illicite des stupéfiants, vient de publier la première étude européenne sur la consommation de psychotropes prescrits (opiacés, antidépresseurs et stimulants du SNC) à partir de données collectées dans 17 pays européens. L’étude met en avant une surconsommation féminine, à tout âge, que les médicaments soient consommés selon la prescription ou en automédication. Elle relève aussi leur « relative facilité d’acquisition », non seulement par le biais des prescriptions médicales, mais souvent aussi grâce aux proches et aux amis. Bien que les données soient fragmentaires dans de nombreux pays, plusieurs d’entre eux apparaissent fortement consommateurs, dont la Serbie, l’Allemagne, la France et la Lituanie.
Le rapport différencie les consommations « prescrites » des consommations à l’initiative du patient. Dans les deux cas, l’usage augmente avec l’âge, pour se stabiliser après 55 ans et régresser fortement après 65 ans. Les jeunes Français se distinguent par leur forte consommation : à 17 ans, 41 % d’entre eux en ont déjà consommé, le taux étant beaucoup plus élevé chez les filles que chez les garçons. 55 % des psychotropes pris par les jeunes Français(e)s leur sont prescrits, 30 % leur sont donnés par leurs parents et le reste est obtenu par des amis ou d’autres canaux. 15 % des jeunes Françaises, et 8 % des jeunes Français auraient déjà consommé des psychotropes sans prescription médicale, un taux qui les place au second rang en Europe derrière les jeunes Lituaniens et juste devant les jeunes Néerlandais. Dans le bassin méditerranéen, ce sont les jeunes Israéliens et les jeunes Libanais qui consomment le plus de psychotropes hors usage prescrit.
Les responsables du Groupe Pompidou estiment que si ces données restent parcellaires, elles révèlent un phénomène en plein développement, qu’il importe de maîtriser avant qu’il n’atteigne des dimensions comparables à celles des États-Unis. Danielle Jourdain-Menninger, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies (MILDT), souhaite notamment développer en France les « repérages précoces et les interventions brèves » en matière de consommation de médicaments, comme cela se fait déjà pour l’alcool, en formant dans cette optique les médecins et les pharmaciens.
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