Aux maires venus lui exposer les situations sanitaires souvent dramatiques dans lesquelles se trouvent leurs territoires désertés par le corps médical, Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, a garanti lors du 103e Congrès des maires que l'ensemble de la population française serait couverte par une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) d'ici à la fin de l'année.
Absence de centre hospitalier universitaire dans le département, trajet d'une heure et demie pour relier la prochaine maternité, territoires de montagne coupés de tout accès aux soins en hiver, sous-dotation en médecins généralistes et spécialistes… Sans totalement nier les problématiques parfois gravissimes soulevées par les édiles lors de la table ronde « Accès aux soins : l'organisation locale au secours de la défaillance nationale » organisée lors du Congrès des maires, Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, s'est évertué à voir le verre à moitié plein.
Il a ainsi habilement félicité le rôle des élus locaux sur ce qu'ils ont été capables de faire pour développer des centres de santé, des maisons de santé pluridisciplinaire et des équipes de soins primaires coordonnées localement autour du patient (ESP-Clap). Ou encore, à l'instar de la communauté de communes de La Flèche (Sarthe), trois annexes de la maison de santé implantées chacune près d'une pharmacie dont il s'agit d'assurer la subsistance. Aurélien Rousseau aussi exprimé sa reconnaissance aux professionnels de santé. « Ils ont eu la niaque pour se battre et sortir de leur silo respectif », souligne-t-il en citant, par exemple, ces infirmiers et ces pharmaciens devenus président de CPTS. Des CPTS qui, affirme le ministre, couvriront l'ensemble du territoire français d'ici à la fin de l'année. De même, Aurélien Rousseau veut rassurer les élus : « On va atteindre d'ici à 2027 le nombre de 4 000 maisons de santé pluriprofessionnelles avec des médecins, des infirmières, des kinés, des orthophonistes, des orthoptistes. » S'il rappelle que l'organisation de l'accès aux soins est historiquement du ressort des élus locaux, notamment sur le « dernier kilomètre », le ministre de la Santé convient que l'État doit leur donner les moyens d'aller plus loin. « Les services de l'État ont besoin d'une transformation culturelle. Nous étions jusqu'à présent le ministère de la crise et de la suspicion. J'ai à faire bouger les équipes », s'engage-t-il.
Parallèlement, il invite les élus locaux à ne pas construire les murs pour ensuite attendre les professionnels de santé, mais bien à les accompagner dans leur implantation sur le territoire. « Il faut qu'il y ait un projet porté par les professionnels de santé eux-mêmes. J'en appelle aux coalitions, à ne pas se cantonner dans une activité afin de redonner de l'attractivité aux professions de santé. » Un exemple réussi est, selon le ministre, la généralisation de l'expérimentation de la dispensation d'antibiotiques par le pharmacien pour l'angine ou la cystite après la réalisation d'un TROD, prévue au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024. « Il y a un an, nous nous serions fait démantibuler pour une telle mesure. Aujourd'hui, on voit la satisfaction des pharmaciens qui ont participé à l'expérimentation, non pas parce qu'ils se prennent pour des médecins mais parce qu'ils ont les compétences pour faire cette mission. Cela s'appelle le progrès, l'attractivité des métiers, mais aussi l'attractivité des territoires. »
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