Alors que le nombre de cas de Covid est en augmentation depuis plusieurs jours, des médecins appellent à rembourser de nouveau les tests pour toute la population, comme c'était le cas avant le 15 octobre.
Comme on pouvait s'y attendre, la fin du remboursement systématique des tests Covid, mesure entrée en vigueur il y a maintenant plus d'un mois, a entraîné une baisse du dépistage. Selon les données de Santé publique France, le nombre de tests quotidiens a baissé d'environ 35 % depuis le 15 octobre même si ce chiffre est à nuancer à cause de différents facteurs (baisse du nombre de tests déjà amorcée avant le 15 octobre, effet des récentes vacances scolaires…). Cette diminution du recours aux tests Covid a-t-elle une influence sur l'épidémie ou au moins sur son suivi ? Pour certains spécialistes, comme le Pr Gilles Pialoux, la réponse est oui. « On a lâché le dépistage et c'est une erreur, a dénoncé le chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Tenon (Paris) sur « BFM TV ». J'y suis favorable (à la prise en charge des tests pour tous) (...). Cet hiver, on va se retrouver dans une situation où plein de gens auront des symptômes qui ressemblent à un Covid bénin et n'iront pas se faire dépister. Comme l'a montré Santé publique France, le délai entre le début des symptômes et les tests n'a jamais été aussi long en 2021 qu'aujourd'hui (2,5 jours en moyenne) », regrette le Pr Pialoux qui conclut son propos en citant l'exemple de l'Allemagne qui a récemment décidé de rembourser de nouveau les tests Covid pour tous, compte tenu de la reprise de l'épidémie outre-Rhin.
Le Pr Pialoux n'est pas le seul à plaider pour un retour de la prise en charge intégrale des tests. Professeur d'épidémiologie et de santé publique à l'université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et directeur d'Epi-Phare, Mahmoud Zureik estime lui aussi qu'il faut revenir à « un accès rapide et gratuit pour tous » en ce qui concerne les tests de dépistage. Dans une interview accordée à « L'Express », il défend notamment sa position par le fait que « le déremboursement n'est désormais plus un argument pour inciter les récalcitrants à se faire vacciner. Le nombre de tests baisse mais les nouvelles injections n'augmentent pas ». Dans les faits, le nombre de primo-injections n'a en effet pas connu de véritable rebond depuis le 15 octobre mais les chiffres restent stables depuis cette date. On note environ 100 000 primo-injections par semaine depuis le 15 octobre selon le ministère de la Santé, qui a même observé depuis quelques jours une légère augmentation des prises de rendez-vous chez les personnes n'ayant pas encore reçu la moindre dose.
Impossible de savoir précisément quelles sont les conséquences de la fin de la prise en charge systématique des tests Covid sur l'évolution de l'épidémie. Toujours selon les chiffres de Santé publique France, on observe toutefois que le recours au dépistage a surtout diminué chez les non vaccinés asymptomatiques et qu'il reste stable chez les non vaccinés symptomatiques. Pour l'instant, « l’impact a été minime sur le taux d’incidence », analyse l'agence de santé publique.
Les arguments défendus par les Pr Pialoux et Zureik n'ont en tout cas pas ému le ministère de la Santé. Un retour en arrière « n'est pas à l'ordre du jour » a confié l'avenue de Ségur au journal « Le Parisien ».
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