Petite difficulté : réussir à joindre un titulaire d’officine de bord de mer au mois de juin. Car durant trente jours, c’est la course pour être opérationnel dès le premier week-end des grandes vacances. Certains posent une ou deux semaines de vacances en prévision du rush qui les attend pendant les deux mois à venir, d’autres gèrent l’arrivée des saisonniers qui doivent être formés, tous ont dû calculer leurs stocks et prévoir l’imprévisible pour répondre à toutes les demandes. La plupart sont rompus à l’exercice mais reconnaissent que ce n’est pas simple pour autant.
Sébastien Dassié est installé à Mimizan, à 6 km de la plage, depuis 2012. Ancien pharmacien de l’industrie, c’est de manière impromptue qu’il a pris le chemin de l’officine, au moment où son père parlait de prendre sa retraite. « Je n’ai rien anticipé, c’est l’opportunité qui m’a décidé, c’est un métier totalement différent mais je considère avoir fait un choix heureux », indique Sébastien Dassié. Surnommée la Perle de la Côte d’Argent, Mimizan est une commune de 7 000 habitants, divisée en deux entre Mimizan-Plage et Mimizan-Bourg, en bord d’Océan Atlantique. Situé côté bourg, Sébastien Dassié note un pic touristique durant les deux mois d’été qui entraîne une hausse de son chiffre d’affaires d’environ 15 % pendant cette période. Il est plus sensible à l’augmentation de la population d’avril à novembre, où les résidences secondaires ne désemplissent pas, avant la période calme de décembre à mars. « Nous avons beaucoup de passages à la pharmacie mais cela ne se traduit pas automatiquement par une hausse du chiffre d’affaires », note-t-il. Dans son cas, pas besoin de recruter des saisonniers l’été, mais l’équipe doit obligatoirement poser ses congés avant ou après les deux mois de grandes vacances, ce qui permet à chacun de bénéficier de deux jours de vacances en plus. Et ce qui arrange Sébastien Daussié, qui confie avoir des difficultés à recruter, non seulement à cause d’une pénurie de préparateurs au niveau national, mais aussi parce que les chercheurs d’emploi qualifiés ont tendance à préférer travailler dans de plus grandes agglomérations, « comme Bayonne ou Bordeaux ».
Vue sur la mer
Titulaire à Bandol (Var) depuis mai 2016, Claude Duvillard en est à sa 4e installation. Après Pontoise et Rambouillet en région parisienne, la titulaire a choisi le soleil avec une officine à Carqueiranne (Var). Placée dans le centre du village, celle-ci avait une activité finalement assez classique, dont 80 % de son chiffre d’affaires issus des médicaments sur ordonnance. Alors qu’elle se tourne vers la Haute-Savoie, souhaitant expérimenter une nouvelle région et un autre type d’exercice, son cabinet de transaction évoque une officine face à la mer, à Bandol, avec un exercice très saisonnier. « J’ai été attirée par cette offre parce que la pharmacie n’est pas loin de chez moi, c’est une autre façon de travailler et j’avais envie de changement, Bandol est une station balnéaire très agréable, et puis j’ai vu sur la mer ! »
Pour le changement, Claude Duvillard est servie. Elle se lance dans d’importants travaux et un réagencement complet qui nécessite une fermeture en janvier 2017. « De juin à octobre, mon chiffre d’affaires se répartit entre 40 % d’ordonnances et 60 % de parapharmacie, ce rapport s’inverse le reste de l’année. Le volume de parapharmacie est donc très important, je fais énormément de conseil, notamment lié à la bobologie, la marge est intéressante. Le contact avec le patient est aussi très différent », explique-t-elle.
Sur le papier, c’est très tentant. Des inconvénients ? L’exercice saisonnier n’est pas simple, notamment en termes de gestion des stocks qui passent d’un montant de 150 000 euros hors saison à près du double en saison haute. De même, le nombre de clients par jour passe de 150 à 400, voire 600 l’été, en lien direct avec la population de Bandol qui triple chaque été.
Longues journées
« Les journées sont plus longues, les horaires d’ouverture étant allongées, il y a plus de monde, plus de bruits, beaucoup d’enfants, et j’embauche trois à quatre personnes de plus, dont un pharmacien. » Et contre toute attente, le recrutement n’est pas aisé. « Mais je ne me plains pas, j’ai une consœur et amie sur le port de Saint-Tropez pour laquelle c’est un véritable casse-tête. » Ce que confirme en coup de vent Claire Dubuc, co-titulaire de la pharmacie du Port, en pleine formation des saisonniers fin juin. Claude Duvillard note que, finalement, ce sont souvent des saisonniers issus d’autres régions de France qu’elle parvient à recruter : « Il faut les loger, ils doivent pouvoir se garer près de leur lieu de travail. Non seulement les parkings sont insuffisants, mais en plus ils sont très chers. J’ai fini par trouver des places de parking que je loue et que je mets à disposition du personnel. »
Le tableau est finalement moins idyllique. « Parfois mes amis me demandent ce qui m’a pris de quitter Carqueiranne. Si je regrette ? Ça dépend des jours », sourit-elle avant de corriger : « Non, maintenant que les travaux sont faits, que la pharmacie tourne bien, je ne regrette rien, j’ai des journées bien remplies qui passent très vite, je suis face à la mer, je vois les bateaux de croisière passer… » De quoi oublier son autre rêve, celui de s’installer près d’une station de ski en altitude.
Située à La Teste-de-Buch, en Gironde, à la fois proche de la Dune du Pilat, du bassin d’Arcachon et du cap Ferret, la pharmacie d’Anne Charria-Baboulène passe de 100 à 400 patients par jour entre l’hiver et l’été. Titulaire depuis 15 ans dans cette commune de 26 000 habitants, elle s’y sent aussi bien que son équipe, qui n’a connu aucun turn-over depuis 10 ans et accueille à bras ouverts deux pharmaciens de plus et un étudiant en pharmacie chaque été. Pour la pharmacienne, changer d’officine n’est pas à l’ordre du jour : « Où trouver mieux qu’ici ? »
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