Alors que la réintégration les soignants suspendus pour non-vaccination contre le Covid-19 a été évoquée lors des débats à l'Assemblée nationale, l'Académie de médecine s'oppose fermement à cette possibilité.
Depuis l’automne 2021, près de 0,3 % des professionnels hospitaliers, soignants et non-soignants, ont été suspendus sans rémunération pour non-respect de l’obligation vaccinale contre le Covid, selon la Fédération Hospitalière de France, qui précise que leur réintégration ne compenserait pas la grave pénurie de personnel dont souffre l’hôpital. Faut-il aujourd’hui les réintégrer, comme il a été évoqué lors des débats à l’Assemblée nationale ? Pour l’Académie de médecine, la réponse est non.
L’instance rappelle que « tout refus de se faire vacciner motivé par des convictions personnelles est respectable, mais incompatible avec le métier de soignant ». Par ailleurs, si certains estiment que les vaccins sont moins efficaces pour prévenir l'infection et la contagion avec les nouveaux variants du SARS-CoV-2, ce qui pourrait justifier la réintégration des non-vaccinés, pour les Sages, il n’en est rien : « Les vaccins actuels conservent une efficacité résiduelle contre la transmission, qui doit être complétée par le respect strict des gestes barrière en milieux de soin », justifie-t-elle. L’Académie ajoute qu’aucun des arguments ressassés (absence d’efficacité, effets indésirables, manque de recul…) ne permet de valider scientifiquement le refus de se faire vacciner, et que les véritables contre-indications médicales à la vaccination sont très rares. Enfin, comme la vaccination reste très efficace vis-à-vis des différents variants et sous-variants pour protéger contre les formes sévères de Covid-19, « elle permet de rendre exceptionnelle la reconnaissance de Covid-19 grave en maladie professionnelle chez les soignants vaccinés ».
Enfin, la réintégration de professionnels de la santé non vaccinés compromettrait le climat de confiance entre l'équipe soignante et les malades. Elle mettrait en péril les malades fragiles. Et comme elle ne concerne qu’un nombre très limité de soignants, elle ne résoudrait pas les difficultés actuelles de fonctionnement de l’hôpital.
Toutefois, le gouvernement semble avoir légèrement évolué sur cette question. Après avoir affirmé à l'Assemblée nationale que le sujet n'était toujours pas d'actualité, le ministre de la Santé François Braun a annoncé la semaine dernière au Sénat la saisine de plusieurs instances sur ce « sujet épineux ». « La Haute Autorité de santé et le conseil scientifique nous rendront leur avis dans les prochains jours », a-t-il déclaré, assurant vouloir continuer de « gérer cette crise en se basant sur les recommandations des scientifiques ».
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