L'ajout au dernier moment d'un amendement au projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) portant sur la forfaitisation des produits de contraste utilisés par les cabinets de radiologie a pris de court la profession. Pour le réseau officinal, les pertes financières s'annoncent importantes.
C'est une nouvelle « extrêmement contrariante », pour reprendre l'expression du président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qu'ont apprise les pharmaciens en fin de semaine dernière. Un amendement de dernière minute a été ajouté au PLFSS pour 2023, adopté définitivement par l'Assemblée nationale dans la soirée du 2 décembre. Arrivé sans crier gare, l'amendement en question prévoit d'autoriser les cabinets de radiologie à acheter eux-mêmes les produits de contraste nécessaires à certains de leurs actes. Ces derniers pourront donc directement s'approvisionner auprès des industriels, lesquels seront à même de leur proposer « de meilleures conditions commerciales », comme l'admet elle-même la FSPF. L'objectif ici est bien sûr de réaliser des économies. « Les médecins ont préféré dire qu'ils allaient acheter eux-mêmes les produits de contraste plutôt que d'avoir une diminution de la cotation de leur acte », explique Philippe Besset.
Comme le concède le syndicat, cette mesure « peut apparaître comme une solution pertinente pour le parcours patient ». Néanmoins, la FSPF ne digère pas vraiment l'ajout en catimini d'un amendement sur lequel les pharmaciens n'ont pas été consultés. « Aucune concertation avec les acteurs de la chaîne du médicament n’a été organisée », déplore en effet le syndicat. Le texte étant maintenant adopté, l'enjeu porte désormais sur les conséquences économiques de cette décision. Les patients n'auront en effet plus vocation à se rendre en officine pour se procurer le produit en amont de l’examen radiologique. Le manque à gagner pour les pharmaciens pourrait donc être conséquent. Selon ses calculs, la FSPF évalue « une perte de 290 millions d’euros de chiffre d’affaires pour le réseau officinal ».
Au-delà de la manière, la FSPF regrette que les officinaux se voient contraints de « payer l’addition de la paix sociale entre les médecins et le gouvernement ». Pour le syndicat, il s'agit d'un « deux poids, deux mesures surprenant alors que toutes les négociations visant à libérer du temps médical en confiant de nouveaux actes aux pharmaciens ont jusqu’ici patiné du fait de la réticence des médecins qui, tout en reconnaissant des choix pertinents au bénéfice des patients, en condamnaient les incidences économiques sur leur profession ». Le syndicat espère bien que des compensations financières vont maintenant être accordées aux officinaux.
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