Dans quel état d'esprit le rapport a été rédigé ?
Il y avait beaucoup d'enthousiasme de l'ensemble des intervenants. Plus de 90 personnes ont participé à ce travail collectif, en pleine période estivale. La commande officielle par le ministère a été faite début juin, le texte a été remis le 17 octobre et il était prêt dès le 15 septembre.
La grande force du rapport réalisé sous l’égide de l’ANRS et du CNS est son indépendance totale. Le comité de validation et de synthèse est indépendant de tout lien d’intérêt et des groupes de travail, dont les experts peuvent être amenés à travailler avec les industriels.
Je ne suis pas très inquiet pour la suite. Il faut voir comment la HAS va prendre en considération les propositions faites. La mobilisation est forte et sereine.
Une recommandation forte concerne le dépistage généralisé du VHC à l'ensemble de la population adulte dès 2017. Pourquoi est-ce important de lancer ce programme ambitieux dans le même temps ?
Environ 75 000 personnes ignorent encore qu’elles sont infectées par le VHC. On a aujourd'hui la capacité de guérir les patients en 8 à 12 semaines de traitement. Si l'on veut traiter pour prévenir les complications, il faut dépister. L’absence de dépistage est une perte de chances. Il a été récemment montré que le dépistage élargi à l’ensemble de la population adulte est coût-efficace.
Tout le monde devrait être dépisté au moins une fois dans sa vie pour les 3 virus, VIH, VHC et VHB. La mise en place de TROD combinant les 3 virus est une option très attendue, en particulier pour toucher les populations les plus éloignées du système de soins. Comme pour les médicaments, le prix des tests pourrait diminuer du fait même de l'effet volume.
Le délai de prise en charge annoncé dans le rapport est très court, au maximum de 15 jours. Ne faut-il pas craindre un engorgement des consultations ?
Il n'y aura pas d'afflux immédiat et important de patients. Près de 75 000 sujets infectés sont déjà connus et identifiés. Le traitement leur sera proposé lors de leur prochaine consultation dans les structures de soins. Le niveau de prise en charge va ainsi augmenter de façon progressive. De plus, l'ensemble des spécialistes concernés, hépato-gastro-entérologues, internistes et infectiologues, sont très disponibles pour cette nouvelle mission car l'efficacité est proche de 100 % pour un traitement court. Ce n'était pas la même situation avec l'interféron et la ribavirine, où il y avait beaucoup d’interrogations et de réticences.
Le délai de 15 jours est tout à fait raisonnable. Ce d'autant que les spécialistes installés en ville sont prêts à davantage s’investir. Plusieurs mesures vont les y aider, notamment le fait que le recours aux réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) sera progressivement limité aux cas complexes et que le traitement sera délivré en officines de ville.
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