Auditionnée par la commission d'enquête du Sénat sur le Covid-19, Agnès Buzyn a vertement critiqué Santé publique France sur sa gestion des stocks de masques.
Aujourd'hui préconisés pour tous, partout et tout le temps, les masques ont cruellement fait défaut au début de la crise sanitaire, y compris pour les professionnels de santé. Le 23 septembre devant les sénateurs, l'ancienne ministre de la Santé, qui a quitté l'avenue de Ségur le 16 février, est notamment revenue sur ce sujet épineux, répondant aux questions du rapporteur de cette commission d'enquête, Bernard Jomier. « En janvier, vous prenez conscience qu'il y a une épidémie potentiellement grave qui arrive. Pour la population générale on ne sait pas encore mais on sait qu'il faut des masques pour protéger les soignants, il n'y a pas de débat là-dessus. Or la première commande (un peu plus d'un million de masques le 30 janvier) est anecdotique. Les vraies commandes arrivent bien plus tard, c'est un défaut total de réactivité », lui reproche le sénateur de Paris.
Après s'être défendue de toute « incompétence » et estimant que « peu de ministres ont été autant en action et en alerte » qu'elle en Europe face à la menace du nouveau coronavirus, Agnès Buzyn a confirmé que les commandes effectuées fin janvier avaient été faites « trop tard » pour échapper à la pénurie mondiale. Ce n'est en effet que le 22 janvier que l'ex-ministre de la Santé a demandé à vérifier l'état des stocks, après que l'OMS a confirmé l'existence d'une transmission interhumaine du virus. Lorsqu'elle lance de nouvelles commandes, deux jours plus tard, la demande mondiale est déjà très forte et de nombreuses usines chinoises sont à l'arrêt.
Si les stocks à cette date étaient si bas, c'est en grande partie à cause de Santé publique France, a ensuite dénoncé Agnès Buzyn, qui avait déjà mis en cause l'agence lors de son audition à l'Assemblée nationale en juin dernier. Chargée de la gestion des stocks stratégiques, Santé publique France aurait ainsi mis plus de « 18 mois à auditer le stock » de masques, lorsque la Direction générale de la santé (DGS) le lui a demandé, en avril 2017. Un audit qui révélera finalement que 600 millions de masques (sur un total de 700 millions) ne sont alors plus conformes. Neuf mois se seraient ensuite écoulés entre l'ordre de la DGS, exigeant l'achat de 100 millions de masques, et la commande effective. « L’histoire des masques, c’est celle d’une longue succession de directives variées, avec une lenteur de mise en place, sans qu’il n’y ait eu d’alerte vers les ministres concernés », a résumé Agnès Buzyn. Une lenteur qui se sera révélée particulièrement préjudiciable.
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