• La réforme de la rémunération
La réforme de la rémunération est l’un des thèmes qui vous a le plus passionné sur le quotidiendupharmacien.fr. Vous avez en effet été nombreux à nous faire part de vos commentaires. Comme Guy, pour qui l’introduction d’une part d’honoraires permet aux pharmaciens de devenir « officiellement des professionnels de santé chargés de différentes missions, et non pas de simples vendeurs ». Mais aussi, ajoute Nicolas, « de bloquer une somme qui n’est plus compressible facilement par un simple arrêté de baisses de prix ». Toutefois, la majorité des internautes séduits par cette évolution souhaite que la profession aille encore plus loin : « Il reste à déconnecter les honoraires des volumes, avance Michel. Et tous les syndicats devraient ensemble y œuvrer. » Dans le même esprit, Nicolas aimerait que « l’honoraire s’applique sur l’acte pharmaceutique plus que sur les boîtes », et se félicite à ce titre qu’il y ait « déjà 50 centimes pour ordonnance de plus de 5 lignes, (même si) 10 euros auraient été mieux… Mais ce n’est pas cohérent avec la situation économique ».
Chez les pharmaciens hostiles à l’accord passé entre la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’assurance-maladie, deux récriminations se dégagent. D’abord, que l’honoraire soit lié la boîte. « Un honoraire de "pose" pour mettre les boîtes sur le comptoir ? C’est indéfendable ! s’insurge le Dr Gnon. Un honoraire à la ligne, je comprends, on décide de donner tel produit à tel dosage, c’est de l’acte pharmaceutique. » Ensuite, ces pharmaciens redoutent l’apparition de grands conditionnements, comme celui du paracétamol, qui casserait, selon eux, l’effet bénéfique de l’honoraire d’1 euro. « C’est la porte ouverte à la boîte de Doliprane de 112 comprimés et au tube de 300 granules, prévient Johann. Comme ça, il en sera réellement fini de nous. » Et Bernard de renchérir : « Coluche avait inventé le qui "perd perd". Nous, on y joue. Préparez-vous à agrandir vos rayons pour recevoir de nouvelles boîtes de 3, 6, 12 mois… Et toujours à un euro par boîte ! » Quant à Christophe, très fataliste, il estime que, accord ou pas, rien ne changera la situation catastrophique dans laquelle se trouve la pharmacie d’officine : « De toute façon, les rémunérations vont baisser quoi que l’on fasse, cela ne changera rien : il va falloir tailler dans la masse salariale et contrôler nos achats. »
• La dispensation à l’unité
L’expérimentation de dispensation à l’unité d’antibiotiques a également suscité de nombreuses réactions. « Par pitié, ne mettons pas un doigt dans l’engrenage sinon les pouvoirs publics nous demanderons de déconditionner toutes les spécialités », s’inquiète Béatrice. Pour Pierre-Edouard, « il n’y a bien que la FSPF pour croire dans ce genre de projet catastrophique pour la profession ». Il estime que « tout ce qu’on gagnera, c’est du travail en plus, sans possibilité d’embaucher ». De son côté le Dr Gnon souligne que « quel que soit le résultat, la profession refusera majoritairement de perdre son temps dans ces bêtises qui ne régleront aucun des problèmes qui ont servi d’excuse à cette expérimentation électoralement clientéliste. Les risques sont évidemment réels ». Il cite notamment les risques de surcoût, de démotivation, de temps perdu pour les conseils, d’erreur d’observance de la part du client malvoyant ou mal-comprenant, de conservation, de traçabilité, et de complication du travail. « Les syndicats sont-ils à notre service ou à celui du gouvernement ? », s’interroge-t-il. Quant à Jean-Loïc, il exprime son « ras-le-bol des bobos politiques incompétents » et lance : « arrêtons de servir de larbins à tout le monde et imposons pour une fois nos conditions pour le fonctionnement de la pharmacie et la rémunération des officinaux. » Et Catherine de conclure : « accompagner les gens dans l’observance des traitements, leur expliquer le pourquoi, les réconforter, les guider, les conseiller, voilà notre métier ! »
• Le libre accès, les tests de grossesse et le monopole
Un autre sujet fait quasiment l’unanimité : plus de 80 % d’entre vous se déclarent opposés au passage devant le comptoir de l’ensemble des médicaments OTC. Car, pour de nombreux confrères, cela ne fait pas de doute, la prochaine étape serait alors la vente hors de l’officine. « De toute évidence, s’ils sont en libre-service, autant qu’ils passent en GMS car je ne vois pas ce qui pourrait justifier le maintien dans le monopole si nous n’avons pour seul rôle que de les encaisser », estime ainsi Marion-Chantal. « Ceux qui sont "pour" peuvent s’épargner cette étape intermédiaire et apporter leurs produits à Michel Édouard Leclerc immédiatement », explique avec une pointe d’humour Pascal. « Je ne vois pas pourquoi on ne libéralise pas l’OTC, affirme au contraire Cédric, qui travaille dans l’industrie pharmaceutique. Les Anglo-Saxons n’ont pas plus de suicide au paracétamol que nous, c’est prendre le patient pour un crétin. » Jean-Marie pense, lui, que les plus dangereux sont nos confrères qui cassent les prix sans vergogne et sans conseil. « Quelle image voulons-nous donner de la pharmacie ?, interroge pour sa part Xavier. Un lieu où le client se sert comme dans un hypermarché (image donnée par certaines pharmacies notamment low cost) ou alors un espace où l’équipe officinale prend du temps pour écouter et conseiller le patient ? » Emmeline, étudiante, souligne, elle, que même si elle « galère » pour trouver un emploi en officine, les postes proposés par Leclerc, Auchan ou Carrefour ne l’intéressent pas. « Ce n’est pas le métier que j’ai choisi », explique-t-elle.
Quant aux initiatives de ventes des tests de grossesse à un euro visant à résister à leur départ en GMS, elles sont diversement appréciées par les confrères internautes. « Que cherche-t-on ? Aller à la pêche aux clientes, comme la GMS ? Ou rester un professionnel de santé ? Ne copions pas ceux contre qui nous nous battons, le retour de flamme pourrait être violent », indique par exemple Jérôme. « Et si cela laissait à penser qu’il faut que l’OTC parte en grande surface pour que les pharmaciens fassent enfin des efforts sur les prix, s’inquiète Jean. Ne laissons pas cela dans l’esprit du grand public. »
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