Quel est le lien entre la certification qualité et la pluridisciplinarité ? Alors qu'un rapport vient d'être remis à la ministre de la Santé sur l’organisation des soins non programmés (voir page 2), ces deux engagements apparaissent complémentaires pour faire progresser la pratique des professionnels de santé.
Comme l’a rappelé l’association Pharma Système Qualité lors d’un récent colloque consacré à la pluridisciplinarité, la démarche de certification demande, en effet, au professionnel de santé de se détacher de son approche médico-centrée pour aborder son exercice sous l’angle du patient. Un patient dont la complexité se renforce et dont la prise en charge oblige de plus en plus les professionnels de santé à coopérer.
Ajouté à cela que les professionnels de santé, notamment les pharmaciens, engagés dans une démarche qualité, disposent de tous les outils de traçabilité et des process permettant d’intégrer des solutions interprofessionnelles. « Il n’y a pas d’interprofessionnalité sans qualité », conclut Laëtitia Hible, présidente de Pharma Système Qualité. Il n’en reste pas moins, comme le remarque Marie-Hélène Rodde-Dunet, adjointe à la direction de l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins (DAQSS) à la Haute Autorité de santé (HAS), que le système, dont le médecin traitant reste le pilote et le coordonnateur, doit faire face à des changements organisationnels. Ne serait-ce que pour répondre au manque de médecins en constituant des équipes pluridisciplinaires.
Raisonner en parcours de soins
Aujourd’hui, le terme de protocoles de coopération s'impose face à celui de délégation de tâches. Cependant, comme en attestent les différends exprimés entre Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers et le Pr Pierre-Louis Druais, président du Collège national de la médecine générale, le concept de protocoles et de partage des compétences ne revêt pas la même signification pour les infirmiers et pour les médecins.
L’idée même de dégager du temps médical afin de permettre aux médecins de se concentrer sur leur expertise est remise en cause. Ainsi, comme le reconnaît Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil de l’Ordre national des pharmaciens, « j’ai changé mon discours. L’objectif n’est pas de gagner du temps médical en épargnant aux médecins les « soins faciles » qui leur permettent d’équilibrer les finances de leur cabinet, mais bien de faciliter l’accès des patients aux soins, quitte à revoir les modes de rémunération ». Les tensions suscitées dans le corps infirmier par la vaccination à l’officine sont l’un des derniers avatars de ces réflexes liés à la défense de la rémunération.
Pour autant, l’avenir n’est plus aux querelles corporatistes. Face aux nécessités d’une approche pluridisciplinaire et complémentaire, il convient aujourd’hui d’adapter des protocoles de soins primaires à l’échelle des territoires où chaque profession de santé pourra apporter sa valeur ajoutée, tout en sécurisant la prise en charge du patient.
Et si finalement la solution venait du patient lui-même ? « Ce qui prime, en effet, est l’accès aux soins, et in fine, le parcours du patient. Il lui reviendra, de fait, de déterminer le professionnel de santé auquel il aura recours en fonction de l’opportunité du lieu et du moment », affirme Carine Wolf-Thal. Une nouvelle fois, la vaccination à l’officine est l’exemple type de ce décloisonnement des pratiques professionnelles au profit du patient.
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