Le rapport sur l’application des lois de financement de la Sécurité sociale publié le 20 septembre par la Cour des comptes l’affirme : grossistes-répartiteurs et pharmacies d’officine se sont partagé au titre de la distribution du médicament quelque 6,8 milliards d’euros en 2015, soit un peu moins d’un quart des 27 milliards d’euros des dépenses totales de médicaments remboursables en ville (hors rétrocession hospitalière).
Le rapport livre son diagnostic : si la distribution du médicament en France coûte si cher, c’est qu’elle repose sur un réseau trop dense de pharmacies trop nanties. « La densité particulièrement importante du réseau officinal induit des coûts de structure et de logistique élevés principalement couverts par l’assurance-maladie. » La Cour va même jusqu’à évaluer un surnombre de 10 435 officines en France métropolitaine, soit de l’ordre de la moitié du réseau officinal. Et pousse le cynisme : « Au rythme des dernières années, il faudrait environ 100 ans pour que cet excédent se résorbe, toutes choses égales par ailleurs. »
Un réseau surdimensionné qui, selon la Cour, risque de réduire à néant les efforts entrepris pour maîtriser les dépenses de médicaments. Le rapport va jusqu’à accuser les pharmaciens d’avoir « déployé des stratégies (…) afin de préserver, voire d’augmenter leurs revenus ». La Cour en veut pour preuve les rémunérations des officines qui ont connu « des évolutions importantes au cours des années récentes pour les déconnecter en partie de l’évolution des prix des médicaments, sans que pour autant il n’en résulte à ce stade une accélération de la rationalisation d’un réseau officinal toujours surdimensionné au regard des populations à desservir ». Les sages admettent toutefois que 3,4 % des pharmacies d’officine connaissent une insuffisance brute d’exploitation et 6 % un résultat net négatif. « Environ 10 % des officines peuvent être considérées comme fragiles sur un plan économique », relèvent-ils.
La Cour des comptes fustige aussi une politique du générique qui a compensé les effets négatifs du droit de substitution sur la rémunération des officines. Un mécanisme particulièrement coûteux pour les comptes de l’assurance-maladie « puisqu’il conduit à verser aux pharmaciens un montant de marge très élevé par rapport au prix du produit. À cela s’ajoute une ROSP spécifique à la délivrance de génériques, qui s’est élevée à près de 136 millions d’euros en 2016 ».
Cumulards, les pharmaciens le seraient d’autant plus aux yeux de la Cour des comptes que, au-delà de cette marge réglementée calquée sur celle du princeps, ils bénéficient « d’honoraires de dispensation favorables aux médicaments à bas prix, d’une rémunération sur objectifs de santé publique, de remises des entreprises pharmaceutiques pouvant aller jusqu’à 40 % du prix fabricant hors taxes (pour les pratiques légales) et de rétrocession de la marge réglementée des grossistes-répartiteurs », pointe le rapport. « Cela illustre l’existence de marges de négociation d’importantes baisses de prix », concluent les auteurs.
La Cour des comptes préconise également une rationalisation du réseau officinal, avec à la clé la fin du monopole et l'ouverture du capital, assorties d'une expansion de la vente de médicaments en ligne. Seules trouvent grâce à ses yeux, les officines qui remplissent une fonction indispensable de desserte dans certains territoires fragiles.
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