Budget de la Sécurité sociale pour 2016

Les pharmaciens prêts à se mobiliser

Publié le 10/09/2015

Article réservé aux abonnés

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) devrait une nouvelle fois contenir des mesures drastiques pour l’économie. Dans ce contexte, la profession envisage de se mobiliser

Une journée historique. Le 30 septembre 2014, la quasi-totalité des officines gardaient leurs rideaux baissés et plusieurs milliers de pharmaciens envahissaient les rues un peu partout en France, pour dire « non » au projet de réforme des professions réglementées. Un an plus tard, les collectifs « Pigeons Pharmaciens », « Ma Pharmacie ne fermera pas » et « Pharma Cool » souhaitent de nouveaux mobiliser la profession.

Cette fois, il ne s’agit pas de s’opposer à la casse du modèle officinal français, mais de défendre l’économie des pharmacies. Nom de code de la mobilisation : The French Green Day. Dans ce cadre, les officinaux sont invités à apposer des affiches, à distribuer un Élixir de longue vie (censé symboliser la nécessaire longévité des pharmacies et du médicament), à colorer les plans d’eau de fluorescéine et à garder leurs croix vertes allumées jusqu’à 22 heures.

« Le 30 septembre 2015, nous serons encore mobilisés pour contrer le nouveau PLFSS 2016 qui s’annonce compliqué et délétère pour 5 000 officines », peut-on lire sur la page Facebook des Pigeons pharmaciens. « Chaque année, la pharmacie est le secteur de la santé le plus pénalisé par les coupes budgétaires. Cette année nous n’accepterons aucun compromis », préviennent-ils.

De leur côté, les syndicats d’officinaux se préparent eux aussi à passer à l’action. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) souhaite ainsi que l’ensemble des organisations professionnelles se mobilisent le 30 septembre 2015, alors que de nouvelles menaces pèsent sur l’officine.

Lesquelles ? « Le retard d’application de la réforme de la rémunération, qui fait perdre 40 millions d’euros en 2015 à l’ensemble du réseau ; l’aggravation des économies sur le médicament envisagées pour boucler le budget de l’assurance-maladie avec une croissance de l’ONDAM réduite à 1,75 % en 2016 ; le retour des exigences de libéralisation de l’accès aux professions de santé commandé par Bruxelles dans ses recommandations relatives au programme de réforme de la France pour 2015 », détaille le syndicat, qui appelle à l’unité de la profession « afin que le gouvernement n’oublie pas la capacité de mobilisation des pharmaciens d’officine et le soutien que leur apportent les patients ».

Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond, espère, lui, une mobilisation de la même ampleur que celle de l’an dernier. Son organisation appelle également « au rassemblement de toute la profession : syndicats, Ordre, groupements, étudiants, et toutes autres structures, pour décider ensemble d’une action commune ». Les perspectives économiques sont inquiétantes et le président de l’USPO rappelle que le plan médicament de 3,5 milliards d’euros sur 3 ans, décidé par le gouvernement en avril 2014, se traduira par des mesures incluses dans les PLFSS de 2015 à 2017.

Tandis que ce plan entraîne déjà des baisses de prix inégalées depuis le début de l’année, de nouvelles réductions tarifaires sont prévues pour fin 2015 et 2016. Celles-ci « vont aggraver la situation de la profession qui ne peut pas supporter tous ces efforts supplémentaires concentrés sur le poste médicament, sans parler du risque de déremboursement de certaines spécialités », estime Gilles Bonnefond. Pour lui, « la réforme de la rémunération signée le 21 mai 2014, malgré l’annonce du plan d’économies du gouvernement, n’est pas la solution et ne donne aucune lisibilité à nos entreprises ». Il ajoute : « On nous avait fait beaucoup espérer avec cette réforme mais la profession n’a récolté qu’un chèque en bois. »

Enfin, l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) dit espérer que The French Green Day « rendra visibles les difficultés que rencontrent les pharmaciens et permettra une prise de conscience des pouvoirs publics de la nécessité de faire évoluer rapidement notre profession ».

Réunis en assemblée générale à partir de demain, les étudiants se prononceront sur leur éventuelle participation au mouvement de leurs aînés (voir également notre article en page 2). À l’approche du 30 septembre, la profession semble déterminée à se faire entendre.

Christophe Micas