Pour la première fois depuis cinq ans, le moral des professionnels de santé libéraux n’est plus en chute. Interrogés sur la situation actuelle de leur profession respective, 486 libéraux de santé* attribuent en moyenne une note de 4,9 sur 10, une appréciation en légère hausse par rapport à 2015.
Le cinquième observatoire de CMV Médiforce, filiale du groupe BNP Paribas, dont sont issus ces chiffres, fait état d’une assez grande disparité. Alors que les infirmiers, les kinésithérapeutes et les vétérinaires attribuent à leur situation une note de 5,5 sur 10, les biologistes sont les plus insatisfaits, 57 % d’entre eux décernant une note égale ou inférieure à 4 sur 10.
Pour surprenant que celui puisse paraître, l’avis des pharmaciens sur leur situation actuelle reste équitablement réparti sur l’échelle de notation, pour une note moyenne de 4,7 sur 10.
La menace du Web et du low-cost
L’avis des pharmaciens diffère cependant quand il s’agit d’envisager le futur. La part des pessimistes quant à l’avenir de leur profession ne cesse d’augmenter depuis quatre ans, passant de 52 % à 74 % aujourd’hui. Cela ne les empêche pas d’encourager davantage les jeunes à s’installer. Ainsi, 27 % d’entre eux seulement le faisaient il y a quatre ans, contre 44 % aujourd’hui.
Au rang de leurs principales inquiétudes, les pharmaciens citent davantage que les autres professionnels de santé la baisse de leurs revenus et des remboursements, la désertification médicale, ainsi que la diminution du nombre de médecins. Enfin, l’automédication préoccupe plus d’un quart des pharmaciens, quand 12 % seulement des autres professionnels de santé l’évoquent. Comme eux, en revanche, ils estiment que l’emprise grandissante des mutuelles dans les choix de dépenses de santé est « une mauvaise chose ».
Les pharmaciens sont parmi les plus sévères à l’encontre des médecins qui se déconventionnent, 50 % des pharmaciens contre 28 % des autres professionnels de santé les condamnant ; 26 % des pharmaciens seulement, pensent que les médecins « ont bien raison, cela leur donne la possibilité d’exercer leur métier dans de meilleures conditions ».
Les pharmaciens se démarquent une nouvelle fois quand il s’agit d’apprécier les contraintes administratives ou bureaucratiques. Curieusement, il n’en est qu’un sur deux à s’en dire préoccupé, alors que trois professionnels de santé sur quatre s’en plaignent.
Les officinaux sont, avec les vétérinaires, les professionnels se déclarant les plus vulnérables aux évolutions de l’offre concurrentielle : 40 % d’entre eux se disent pénalisés par les sites Internet de leurs confrères, 35 % par les sites d’informations sur la santé, 37 % estimant même que ces sites perturbent leurs prestations de conseils aux patients (27 % chez les autres professionnels de santé). Des patients qui sont, de l’avis de 37 % des pharmaciens, de plus en plus nombreux à essayer de négocier avec leur pharmacien.
Chez les officinaux interrogés, la même méfiance entoure les médicaments achetés à l’étranger sur Internet, considérés comme une menace par 31 % d’entre eux, soit deux fois plus que parmi les autres professionnels de santé. Leur aversion culmine pour les produits low cost qu’ils sont 52 % à réprouver. Les pharmaciens nourrissent la même circonspection pour ouvrir eux-mêmes un site de vente en ligne. Alors qu’ils étaient encore 22 % à l’envisager il y a deux ans, ils ne sont plus que 14 % aujourd’hui.
*Enquête quantitative réalisée du 18 novembre au 8 décembre 2015 auprès de pharmaciens, de médecins généralistes, de chirurgiens-dentistes, d’infirmiers, de kinésithérapeutes ostéopathes, de vétérinaires, de radiologues et de biologistes.
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