Avec 3 jours de retard, les pharmaciens ont reçu un cadeau de Noël dont ils se seraient bien passés. Soucieux d'offrir aux Français l'offre la plus large possible pour se faire tester avant le réveillon du 31 décembre, Olivier Véran a cédé aux avances des GMS et leur a ouvert le marché des autotests, décision entérinée par un arrêté publié au « Journal officiel » du 28 décembre.
Devant la commission des lois de l'Assemblée nationale, le lendemain, Olivier Véran s'explique. « Des acteurs de la GMS avaient acheté des autotests, je ne sais pas combien, et ont dit pouvoir les mettre à disposition sur la période (des fêtes de fin d'année). Cela contrevient donc au système de monopole pharmaceutique sur la distribution d’un dispositif médical. C’est une entorse que nous faisons à une règle qui m’est chère (...) parce que ce qui compte c’est la période du 31 décembre et les jours suivants, et elle prendra fin le 31 janvier au plus tard. C’est une dérogation mais en aucun cas cela ne doit contrevenir dans la durée à la question du monopole pharmaceutique. » Une victoire provisoire, donc, mais une victoire quand même pour les GMS, qui multiplient ensuite les prises de parole pour annoncer aux Français l'arrivée du produit dans les rayons des hypermarchés. En première ligne, Michel-Edouard Leclerc, tout heureux d'annoncer la vente à prix coûtant d'autotests dans les magasins de l'enseigne. De leur côté, les représentants de la profession ont du mal à digérer la nouvelle. Dans un communiqué commun (CNOP, USPO, FSPF, UDGPO, Federgy, ANEPF), ils affichent leur opposition ferme à la mesure. « On ne joue pas avec la santé des Français ! L’arrêté gouvernemental est incompréhensible et risqué pour la santé publique. (...) Pour la première fois depuis que la pandémie a touché notre pays, le gouvernement prend une décision sans aucune concertation avec les professionnels de santé », dénoncent-ils. L'Académie nationale de pharmacie se fend également d'un texte où elle met en garde contre « les interprétations erronées » que peuvent faire les patients qui s'autotestent sans l'expertise d'un professionnel de santé.
Des tensions d'approvisionnement mais pas pour tout le monde
Autant de doutes et de critiques pour l'instant balayés par l'exécutif et ignorés par la grande distribution qui préfère, elle, mettre en avant sa capacité à répondre à la demande. Si les pharmaciens sont confrontés à des tensions d'approvisionnement après avoir réalisé des ventes d'autotests records avant et après Noël, les GMS ne connaissent pas ses difficultés si l'on en croit Michel-Edouard Leclerc. « Pas d'inquiétude sur les stocks, les volumes sont au rendez-vous ! », se vantait-il le week-end dernier. Du côté de l'officine, les tensions déjà réelles et la distribution de deux autotests pris en charge pour les cas contacts préoccupent la présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens. « Ça va être très compliqué (...) Les distributeurs de tests ont été asséchés par la grande distribution », a confié Carine Wolf-Thal sur « FranceInfo ». Une critique contre les GMS que partage Hubert Olivier. Le président d'OCP a fustigé leur attitude dans un communiqué. « Il est anormal qu’en France des acteurs parient sur une autorisation de vente et constituent en toute discrétion des stocks précieux alors que des tensions d’approvisionnement existent. De tels comportements génèrent souvent des pénuries et désorganisent totalement le circuit de ville. » S'il est critiqué et critiquable, le pari fait par les GMS s'est toutefois avéré payant.
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