« Au Portugal, la législation autorise depuis 2007 les pharmaciens à vacciner les patients contre la grippe », explique Rute Horta, coordinatrice du département pharmacie à l'Association nationale des pharmacies du Portugal (ANF). La première campagne de vaccination à l'officine contre la grippe a eu lieu en 2008. Au préalable, les pharmaciens portugais ont suivi une formation de deux jours, une journée en présentiel et une journée en e-learning. En France, une seule journée de formation est prévue, avec de la théorie et de la pratique.
« Actuellement, plus de 2 260 pharmacies portugaises fournissent des services de vaccination, soit 78 % des pharmacies et 3 700 pharmaciens sont certifiés », indique Rute Horta. En France, l'expérimentation de vaccination antigrippale à l'officine est autorisée pour une durée de trois ans dans deux régions, Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine. À fin novembre, 5 000 pharmaciens, titulaires et adjoints, se sont formés dans ces deux régions et 2 800 pharmacies sont autorisées à vacciner, soit plus de la moitié des 5 000 pharmacies de la zone d'expérimentation.
Au Portugal, l'an dernier, environ 600 000 vaccins contre la grippe ont été délivrés. Une enquête menée auprès des patients a montré que 40 % des citoyens portugais préféraient être vaccinés par un pharmacien. « Nous estimons que les pharmaciens contribuent pour un tiers dans la couverture vaccinale contre la grippe », souligne Rute Horta.
Les pharmaciens portugais non rémunérés
Les pharmaciens portugais ont le droit de vacciner tous les patients, alors que les pharmaciens français ne peuvent vacciner que les adultes de plus de 18 ans ciblées par les recommandations vaccinales, à l'exception des femmes enceintes et des primo-vaccinations.
Autre différence notable : les pharmaciens portugais ne sont pas rémunérés pour la vaccination, contrairement à leurs confrères français, qui touchent 4,50 euros par personne éligible vaccinée bénéficiant d'une prescription médicale et 6,30 euros par personne éligible vaccinée bénéficiant d'un bon de prise en charge. Pour Anne-Sophie Robin-Malachane, pharmacienne à Bron, près de Lyon, et membre du Conseil régional de l'Ordre des pharmaciens de Rhône-Alpes, l'expérimentation française est « une première étape avec des évolutions possibles, comme l'accroissement du nombre de régions expérimentatrices, l'élargissement de la population cible, et l'intégration des autres métiers de la pharmacie comme les pharmaciens hospitaliers ». En attendant, près de 120 000 vaccinations ont déjà été enregistrées dans les deux régions participant à l'expérimentation, dont environ 80 000 en Auvergne-Rhône-Alpes. Il faudra cependant atteindre la fin de la campagne pour savoir si la vaccination à l'officine a permis d'améliorer la couverture vaccinale, qui atteint actuellement seulement 47,4 % en France. Au Portugal, en 2007, le taux de vaccination contre la grippe chez les sujets âgés était de moins de 50 % et il atteint désormais les 60 %. Un exemple à suivre !
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