LA PHARMACIE de l’Hôtel-dieu est située à une centaine de mètres de la pharmacie du Centre, en plein centre-ville de Gonesse (Val d’Oise). Alors, après trois années de recherche d’un repreneur, la titulaire a choisi de se tourner vers son proche confrère pour proposer un regroupement. Seul moyen pour la pharmacienne de faire valoir ses droits à la retraite. « Cela tombait bien, mon confrère envisageait d’agrandir son officine et à Gonesse, nous avons deux pharmacies surnuméraires », explique Brigitte Rabain. La commune compte en effet 26 343 habitants selon le dernier recensement de 2012, et la loi de répartition géographique prévoit donc un nombre de 6 pharmacies pour cette population. Or il y a huit officines sur le territoire.
Le projet correspond donc à la réalité du terrain, arrange le confrère qui se trouve à 100 mètres, et ne dérange pas les autres pharmaciens de la ville. Après des mois de procédures administratives, les deux pharmaciens reçoivent de bons échos de la part de l’agence régionale de santé (ARS) d’Île de France et ont déjà l’aval de l’Ordre des pharmaciens et de la préfecture. « Ce projet n’a rien de particulier, il s’agit d’un regroupement tout à fait classique, comme les ARS nous y incitent », explique le pharmacien. Mais mercredi 28 janvier, un article paraît dans « Le Parisien », où le maire exprime sa colère et s’oppose à la fermeture d’une pharmacie. Sur le site de la ville de Gonesse, Jean-Pierre Blazy ne mâche pas ses mots. Il juge « inacceptable d’avoir été informé tardivement et indirectement du projet de regroupement » et « s’oppose très fermement au projet ». C’est pourquoi il a écrit au préfet du Val d’Oise et au président de l’ARS en soulignant que « l’est du département souffre d’un grave problème de couverture médicale, que trois quartiers sont classés politique de la ville et que la municipalité est fortement engagée dans la redynamisation du centre-ville ». Malgré de nombreuses tentatives, nous n’avons pas réussi à joindre le député-maire.
Informer la commune.
Les pharmaciens, qui s’attendaient à recevoir la décision de l’ARS à la fin du mois de janvier, sont finalement encore dans l’attente. La colère et l’opposition du député-maire auraient-elles eu gain de cause ? De son côté, le titulaire de la pharmacie du Centre, a été reçu vendredi dernier par Jean-Pierre Blazy et a donc présenté le projet de regroupement en détail, la politique d’incitation au regroupement actuelle, les démarches effectuées. Et il a insisté sur l’absence totale d’une quelconque volonté de nuire, ni sa consœur, ni lui n’ayant pensé à informer la commune de leur projet. Concentrés sur le service public et le fait que ce regroupement n’entraînerait que peu de changements pour les patients, ils ont aussi prévenu les autres confrères qui sont suffisamment éloignés des deux officines pour ne pas en prendre ombrage.
Reste à savoir si l’ARS va leur donner son accord, dernière étape avant de pouvoir concrétiser ce projet. La pharmacie du Centre pourrait ainsi réaménager le comptoir, augmenter le nombre de postes informatiques, elle reprendrait une préparatrice issue de l’autre officine et pourrait bien embaucher un adjoint supplémentaire si son chiffre d’affaires croît comme espéré.
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