Le gouvernement demande aux industriels de diminuer les doses de nitrites présentes dans les charcuteries. Si l'exécutif se targue de devenir ainsi l'un des pays les plus exigeants de l'Union européenne en la matière, des associations, dont la Ligue contre le Cancer, estiment que les mesures présentées sont insuffisantes.
Le 27 mars, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, et Agnès Firmin le Bodo, ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des professions de santé, ont dévoilé un plan visant à réduire l'utilisation des nitrites dans la charcuterie. Une décision qui fait notamment suite aux préconisations de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) qui avait confirmé un lien entre risque de cancer et exposition aux additifs nitrés. Historiquement, les charcutiers recourent à ces composants pour allonger la durée de conservation des produits et prévenir le développement de bactéries pathogènes. Ce sont également les nitrites qui donnent sa couleur rose au jambon.
Le plan d'action présenté par le gouvernement doit se dérouler en trois phases. Dès le mois prochain, des baisses immédiates d'additifs nitrés d'environ 20 % vont être imposées aux industriels pour les produits de charcuterie de grande consommation (jambons cuits, lardons, rillettes, saucissons secs.). Puis, dans un délai de 6 à 12 mois, la teneur en nitrites des « produits de la charcuterie les plus consommés en France devra avoir diminué d'environ 25 %, et d'au moins 30 % pour les jambons », détaillent les ministères concernés. Enfin, à l'horizon 2028, « tous les instituts scientifiques pertinents seront mobilisés pour la recherche et le développement de solutions visant à tendre vers la suppression de l’utilisation des nitrites dans la plupart des produits de la charcuterie », annonce l'exécutif.
Le gouvernement n'entend donc pas supprimer complètement les nitrites, au moins dans l'immédiat. « La science ne permet pas de dire qu'il y a des alternatives possibles aux nitrites, ni que les supprimer serait la meilleure solution pour garantir la santé des consommateurs », justifient les ministères en évoquant notamment les risques liés à la listériose. D'après les charcutiers, « les teneurs maximales en nitrites (en France) sont déjà inférieures de 20 % à la réglementation européenne ». Avec ce nouveau plan, « elles seront de 35 à 40 % inférieures, faisant de la France le pays avec les teneurs les plus basses d'Europe, avec le Danemark », estiment-ils.
Si les objectifs présentés dans ce plan sont « ambitieux », selon Agnès Firmin le Bodo, ils n'ont pas convaincu l'association de défense des consommateurs Foodwatch ni la Ligue contre le cancer, qui militent, elles, pour une interdiction complète des nitrites et des nitrates. Les deux organisations ont dénoncé « la frilosité du gouvernement, qui se contente surtout de réductions sur base d'engagements volontaires des industriels ». Selon Foodwatch et la Ligue contre le cancer « jusqu'à 4 000 nouveaux cas de cancers par an liés à la consommation de viande transformée pourraient être évités en interdisant ces additifs ».
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