Bisphénol A

Le gouvernement sursoit

Publié le 23/07/2010
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LE DÉBAT sur l’interdiction totale du bisphénol A (BPA), jusqu’ici limitée aux biberons, n’aura pas lieu avant 2 011. La semaine dernière, lors de l’examen d’une proposition de loi visant à suspendre les contenants alimentaires dérivés de BPA, la secrétaire d’État à l’Environnement, Valérie Létard, a rappelé que l’utilisation de biberons produits à base de BPA avait déjà été suspendue dans le cadre du Grenelle 2, en avril dernier. Elle a estimé qu’« aller au-delà de ces dispositions ne serait pas justifié à ce stade », dans l’attente « d’expertises robustes ». « Le gouvernement s’engage à revenir vers vous en janvier 2011, pour vous rendre compte du résultat de l’ensemble des travaux », a-t-elle déclaré aux députés.

« La suspension de l’utilisation de biberons à base de bisphénol A est une avancée qui mérite d’être saluée, mais il est nécessaire d’aller beaucoup plus loin », estime le rapporteur de la proposition, Gérard Bapt (PS). « En tant que pédiatre, je vois de plus en plus de petits garçons naître avec un sexe très petit, mal formé, qui nécessitera ultérieurement une opération, ou une ectopie testiculaire. Je vois aussi des petites filles qui ont, à deux ans, des seins de fille de 14 ans », s’est alarmée Edwige Antier (UMP).  « La baisse de la fertilité masculine ne concerne pas que les pays occidentaux. On l’observe également en Chine, où les travailleurs sont très exposés au bisphénol A. Ce dernier pourrait également être incriminé, semble-t-il, dans l’augmentation des problèmes de thyroïde », a ajouté Catherine Lemorton, pharmacienne (PS).

Formellement, le vote de la proposition de projet de loi interviendra mercredi. Au début du mois, des experts de l’INSERM indiquaient dans un rapport préliminaire qu’« une exposition au BPA chez l’animal induit des effets au niveau du développement des organes de la reproduction (...) et de la fonction de la reproduction ». Récemment, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) a, de son côté, reconnu que certaines études donnaient des « signaux d’alerte ».

› S. H.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2761