Remises en cause du modèle officinal français

Le contre-projet des syndicats

Publié le 18/09/2014
Article réservé aux abonnés
Après la charge de l’Inspection générale des finances (IGF), la profession a décidé de contre-attaquer. En démontant le rapport de l’organisme public, d’abord. Mais aussi en mettant sur la table une série de contre-propositions susceptibles de préserver le modèle officinal, tout en lui permettant d’évoluer.
Une série de propositions alternatives à la réforme envisagée par Bercy

Une série de propositions alternatives à la réforme envisagée par Bercy
Crédit photo : phanie

ÉVOLUER, oui, mais pas à n’importe quel prix. Voilà en résumé la position des syndicats à la veille de l’annonce par le gouvernement des grandes lignes du projet de loi sur la croissance et le pouvoir d’achat. En clair, ils rejettent en bloc le projet de réforme de la pharmacie d’officine inspiré du rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) et qui prévoit de revoir complètement le modèle français (« le Quotidien » du 15 septembre). En effet, pas question pour la profession d’accepter une quelconque remise en cause du monopole de dispensation, l’ouverture du capital des officines et la fin des règles d’installation, comme l’envisage le projet avancé par Bercy. Un cocktail de mesures dont doivent se délecter à l’avance les Attali, Beigbeder, Rochefort et les membres de l’Autorité de la concurrence qui, il y a quelques années, avaient, à peu de chose près, proposé la même recette. Pour les pharmaciens, en revanche, le projet fait figure de potion amère. Bien décidées à ne pas se laisser faire, les organisations professionnelles ont d’ores et déjà prévu de lancer plusieurs actions (voir encadré).

Des règles plus efficaces.

Mais au-delà de l’action, la profession veut aussi faire des propositions. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a ainsi mis sur la table 20 mesures susceptibles de simplifier le parcours de soins, faire baisser les coûts des produits, créer de l’emploi dans la branche, diminuer les charges pour l’assurance-maladie et favoriser l’exportation. « Dans le secteur de la pharmacie d’officine, qui représentait 35 milliards d’euros TTC de chiffre d’affaires en 2013 et où travaillent 150 000 personnes, ces mesures permettraient de réaliser des économies sans augmenter la consommation médicamenteuse tout en développant l’emploi en France », affirme la FSPF. Le syndicat ajoute : « Ces mesures ont pour objet d’amender la réglementation pour la rendre plus efficace et plus protectrice pour les patients-consommateurs et non pas de la supprimer au détriment de la santé publique. »

La carte de l’unité.

« Si le projet venait à prospérer, les Français seraient les premiers touchés », affirme Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Pour lui, une réforme de l’officine ne peut pas figurer dans cette loi sur la croissance et le pouvoir d’achat pilotée par le ministère de l’Économie. « L’officine peut évoluer, elle l’a déjà fait, mais pas en touchant au monopole, aux règles d’installation et de détention du capital », insiste Gilles Bonnefond. Selon lui, toute évolution de l’exercice officinal ne peut se faire que dans le cadre d’une loi présentée par le ministère de la Santé. Pour l’heure, le président de l’USPO reste persuadé que la partie n’est pas encore perdue. « Le ministère de la Santé est à l’écoute et soutient la profession, affirme-t-il. Si l’ensemble des organisations tient le même discours avec la même pugnacité en défendant les fondamentaux, nous gagnerons parce que la pharmacie française est de qualité et efficace. Nous devons tous être prêts à agir, à nous mobiliser et à montrer notre détermination pour que le gouvernement nous entende et ne détruise pas le réseau officinal, notre métier et notre indépendance. »

CHRISTOPHE MICAS

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3115