« Sur les neuf premiers mois de 2016, il n’y a pas de franche accélération du nombre de fermetures d’officines », a affirmé Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, lors de la journée de l’Ordre. En effet, sur cette période, on a recensé 140 fermetures de pharmacies. Pour mémoire, sur la totalité de l’année 2015, on recensait 181 fermetures. En toute logique, il ne devrait donc pas y avoir une explosion du nombre de fermetures en 2016 par rapport à 2015. La présidente de l’Ordre tient ainsi à rassurer sur une tendance qui s’était dégagée des données du mois de septembre 2016, déclaré « mois ayant connu le plus grand nombre de fermetures de pharmacies de tous les temps », par Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). En effet, sur ce seul mois de septembre, 28 licences ont été rendues, soit presque une par jour. Une accélération qui n’aurait été que transitoire.
Les raisons passées au crible
L'Ordre a cherché à analyser en profondeur l'origine de ces fermetures. Selon son étude, 55 % des fermetures surviennent dans les villes de plus grande importance (plus de 16 000 habitants) et 14 % dans les communes de moins de 2 500 habitants. Les régions les plus concernées sont le Centre, la Franche-Comté, le Bretagne, le Poitou-Charentes et les Pays-de-Loire. Toutefois, les raisons de ces fermetures ont changé, et on observe de plus en plus de regroupements ou d'indemnisations contre fermeture d’officines. Ainsi, au premier semestre 2016, 55 % de ces fermetures étaient des regroupements ou des rachats-fermetures (un taux qui était de 48 % au deuxième semestre 2015). « Désormais, les titulaires contribuent activement à la restructuration du réseau », relève donc Isabelle Adenot. De plus, il y a également beaucoup plus de départs de titulaires à la retraite. En effet, 59 % des pharmaciens titulaires qui ont vendu avaient plus de 60 ans (données sur 10 mois de 2016), contre 55 % sur la même période l’année précédente. Le taux de réinscription à l’Ordre était de 13,42 % cette année (notamment en section D), contre 23,67 % l’année dernière : « on a donc des confrères qui quittent réellement la profession », commente Isabelle Adenot.
Par ailleurs, on observe une croissance de l’arrivée de nouveaux titulaires (+20 %) et un rajeunissement de l’âge d’acquisition d’une officine : de janvier à octobre 2016, 48 % des officines en vente ont été achetées par des pharmaciens de moins de 37 ans. Un taux en croissance de 2,32 % par rapport à la même période l’année précédente. « Le goût d’entreprendre renaît chez les jeunes pharmaciens », se félicite Isabelle Adenot. À l’inverse des médecins, ces jeunes ne refusent pas la ruralité. Pour preuve, le plus fort taux de renouvellement s’observe en Champagne Ardennes, en Rhône Alpes, en Picardie, en Limousin et en Aquitaine. Pour Alain Delgutte, président de la section A de l’Ordre, « cette attractivité des jeunes pour les officines rurales s’explique par un prix de vente plus bas en campagne que dans les grandes villes ou les bords de mer », mais aussi par une évolution du métier : avec l’apparition de nouvelles missions, qui incitent les jeunes à croire en la profession et à s’installer.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Gestion comptable
Fidéliser sa clientèle ? Oui, mais pas à n’importe quel prix
Portrait
Jérémie Kneubuhl : le pharmacien aux 50 millions de clics