« La plupart des DMP sont encore créés sur des lecteurs de carte Vitale »

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Publié le 05/11/2018
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Denis Suplisson est vice-président de la Fédération des éditeurs d'informatique médicale et paramédicale ambulatoire (FEIMA). Il explique comment les conditions techniques de création des DMP en officine sont en train d'évoluer.

Le Quotidien du pharmacien.- Avec quels outils sont actuellement créés les DMP dans les officines ?

Denis Suplisson.- Aujourd'hui les éditeurs, dans leur très grande majorité, n'ont pas fait l'intégration du DMP à leur logiciel. Autrement dit, il n'y a pas de logiciel DMP-compatible. En effet, l'accord que nous avions obtenu auprès du directeur général de la CNAM prévoyait qu'il n'y aurait pas d'intégration du DMP aux LGO tant que les connecteurs - applications qui permettent la liaison entre les LGO et l'assurance-maladie - n'étaient pas autorisés par la CNIL. Or cette autorisation de la CNIL n'est arrivée qu'en mai 2018, date à laquelle les éditeurs ont vraiment pu commencer à travailler à l'intégration du DMP. Dans l'attente de ces connecteurs, les éditeurs s'étaient toutefois engagés auprès de Nicolas Revel à mettre en place une solution qui permettait la création des DMP dans les pharmacies en utilisant les lecteurs Sesam-Vitale et Kapelse, seule solution informatique proposée jusqu'à il y a peu. Toutes les officines équipées de lecteurs Kapelse, soit près de 70 % d'entre elles, peuvent d'ores et déjà créer des DMP au comptoir.

De quelles alternatives à Kapelse disposent les pharmaciens ?

Certains éditeurs, parce qu'ils n'avaient pas d'accord avec Kapelse ou pour d'autres raisons, ont développé un accès Web au DMP, sans intégration. Ce Web-access PS (professionnel de santé) est une simple fenêtre Internet, un raccourci, qui s'ouvre et permet la création en ligne du DMP.

Quels sont les avantages et les inconvénients de chaque solution ?

L'avantage du Web-access est son développement très facile, car il s'agit simplement de créer un bouton et un lien associé. L'autre avantage de cette solution est ergonomique. Elle permet en effet une saisie plus aisée que sur les petits écrans des lecteurs Sesam-Vitale lorsqu'il s'agit de renseigner l'adresse mail de l'assuré par exemple. L'inconvénient du Web-access tient dans le fait que le pharmacien ne peut pas sécuriser la création du DMP par la signature du patient. Ce qui est en revanche possible sur les lecteurs Sesam-Vitale. Or, même si cette signature n'est pas imposée, en cas de contrôle elle décharge le pharmacien de sa responsabilité et apporte la preuve du consentement de l'assuré à la création.

Comment devrait évoluer l'engagement des éditeurs dans la mise en place du DMP ?

Lors de la première phase de développement, les éditeurs s'étaient engagés à mettre en place très rapidement la création de DMP au comptoir. Promesse que nous avons tenue. La phase 2, qui pourrait s'achever au premier trimestre 2019, sera l'intégration du DMP à nos LGO avec l'objectif de faciliter sa consultation. Aujourd'hui, celle-ci n'est possible que par le pharmacien muni de sa carte CPS. Ce qui va poser problème dans les officines multipostes. Voilà pourquoi la FEIMA travaille actuellement avec la CNAM à la création d'une solution qui permettrait de s'affranchir de cette règle. Son principe s'inspire des process en œuvre dans les établissements de soins qui évitent de solliciter la carte CPS.

Propos recueillis par Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3470